La télévision m’ennuie. Ce qui devrait être une fenêtre grande ouverte sur le monde n’informe plus, ne divertit plus et n’éduque plus.

Dire et écrire cela aujourd’hui me vaudra sans doute plus de critiques acerbes que d’approbations. Surtout parmi le petit monde des journalistes et des animateurs. Peu m’importe.

Je ne supporte plus de voir les journalistes soit les pieds dans l’eau, soit sur les plages, soit aux péages d’autoroutes déverser des banalités. En hiver, il fait froid, en été il fait chaud. Parfois il pleut, les orages sont souvent violents. Les Français vont en vacances et s’entassent sur les plages ; cette année, nous avons droit à une variante : les Français découvrent la France. Quel bonheur !

Mais, je n’ai jamais vu un reportage pour expliquer la relation entre le réchauffement climatique, la sécheresse et le désarroi des cultivateurs. Jamais un sujet pour dire que la culture du maïs dans certaines régions où il ne pleut pas est une aberration ou que les troupeaux de centaines de vaches, de porcs, de poules ou de moutons favorisent la contamination en cas de virus. L’agriculture intensive à base de pesticides ? N’existe pas à la télévision.

La culture, les films du patrimoine, la musique classique (qui n’est pas ennuyeuse) sont ghettoïsés la nuit ou sur Arte.

Mais ce qui m’insupporte le plus, c’est de voir le même genre de magazines sur toutes les chaînes, comme J’irai dormir chez vous, Au bout c’est la mer, Echappées belles et d’autres mettre en scène l’animateur, qui se croit obligé d’aider le pêcheur, le cuisinier, le forgeron, bref les personnages rencontrés. Les gros plans sur les présentateurs se multiplient et sont désormais obligés. C’est Zone interdite sur M6 qui a installé cette mode, au point que les voix dites off (quand il y en a) sont toutes identiques. A un point tel que nous ne savons plus quelle chaîne nous regardons.

Ces magazines ont tué les vrais documentaires et imposé un style aux reportages des journaux télévisés.

Le journaliste devant l’Elysée (mais à distance réglementaire), devant Matignon, la préposée à la météo dans le parc André Citroën, le présentateur des séquences comme Dimanche 13h15 sont devenus insupportables.

J’avais déjà dénoncé ce travers en juillet à l’occasion de la diffusion d’un prétendu documentaire dit écologique d’Hugo Clément.

Le concours d’ego, ça suffit. Epargnez-nous vos gueules. Délivrez les journalistes reporters d’images et les cadreurs et laissez-les aller chercher l’information.

Bref, libérez la télévision.