Arte a poursuivi ses diffusions de films du patrimoine en programment hiers soir Le Jardin des Finzi-Contini de Vittorio De Sica (sorti en 1970). Le maître du néo-réalisme a adapté le roman éponyme de Giogio Bassani et pose sous un autre angle le problème de l’adaptation des œuvres littéraires.
Le film a reçu l’Ours d’or à Berlin et l’Oscar du meilleur film en langue étrangère en 1971. Les deux récompenses couronnent un film magnifique qui a néanmoins déclenché de profondes polémiques, l’écrivain Giogio Bassani publiant un article cinglant sous le titre Le jardin trahi, dans lequel il accuse De Sica de ne rien connaître des particularités de Ferrare, de sa communauté juive (dont les Finzi-Contini) du seul fait que le réalisateur a passé toute sa jeunesse à Naples.
Bassani avait cependant participé à l’élaboration du scénario du film. Il souhaitait préserver la trame de son livre, le confinement d’une famille juive et de sa descente aux enfers en raison des lois raciales de Mussolini en 1938.
Si De Sica a gommé l’ambiance particulière de Ferrare, il n’a pas trahi la longue agonie des Finzi-Contini, juifs cloîtrés dans leur extraordinaire jardin jusqu’à leur arrestation et leur déportation. Le film est superbe, De Sica est un virtuose : ses images sont sublimes et les acteurs superbement dirigés pour être à la hauteur de l’œuvre.
Alors pourquoi une telle polémique ? Les protagonistes sont Italiens et Giorgio Bassani, après avoir été socialiste, a adhéré au Parti Républicain quelque temps avant le tournage ; Vittorio De Sica, lui, est resté fidèle au Parti Communiste, le PCI.
La querelle n’est peut-être au fond que l’opposition entre deux idéologies ouvertement antagonistes dans l’Italie de 1970, celle des années de plomb qui voient la même année la création des Brigades Rouges.
Assurément Le jardin des Finzi-Contini ne méritait pas une telle bataille d’idées. Vittorio De Sica a réalisé tant de chefs-d’œuvre, que la dénonciation de Giogio Bassani semble superflue.