La lecture des publications comme Les Echos ou La Tribune requiert d’avoir un dictionnaire économique à portée de main et quelques solides connaissances en langue anglaise.

Un titre, ce matin, m’a interpellé : « Le hedge fund TCI est le nouveau leader de l’activisme mondial » et le chapeau de l’article m’a encore davantage plongé dans le « plus profond abyme que les gouttes d’eau de la mer » (Victor Hugo) : « TCI, le hedge fund activiste de Chris Hohn, a généré 9,5 milliards de dollars de profits pour ses clients en 2021, un record mondial pour le secteur des fonds alternatifs. Il détient un portefeuille concentré de participations dans les géants de la tech, le chemin de fer et les agences de notation. »

Heureusement Internet est venu à mon secours.

D’abord, qu’est-ce qu’un hedge fund ? Rien de plus simple : il s’agit d’un fonds d’investissement soumis, scandaleusement, à moins de régulation que les autres fonds, réservé aux plus riches (le ticket d’entrée est en général d’au moins 500 000 dollars), sur une période d’au moins deux ans. Les hedge fund sont très rentables car ils prennent des participations dans des groupes à risque ; à la suite de quoi, ils imposent des mesures drastiques pour générer des dividendes monstrueux.

Ils bénéficient donc de l’absence de règles ; c’est un pur produit de l’ultralibéralisme.

Ensuite, que signifie TCI ?

The Children’s Investment Fund a été créé par un Britannique, Sir Christopher Anthony Hohn ; il réalise des profits énormes pour la 13e année consécutive : 23,3 % en 2020, soit 9,5 milliards de dollars.

On ne s’étonnera pas que les Echos restent muets sur les raisons de tels gains, à savoir, réorganisations des groupes, licenciements, dénonciation des droits sociaux, délocalisations, etc. Rien de très original, donc. Mais rien de très moral.

Alors, pour se donner bonne conscience, Sir Chris Hohn fait dans le caritatif et se proclame philanthrope en créant la Children’s Investment Fund Foundation, pour l’amélioration de la vie des enfants vivant dans la pauvreté dans les pays en développement (sic).

La philanthropie est très tendance chez les milliardaires, histoire de faire oublier les mauvais coups portés aux pauvres salariés licenciés sous la pression des ‘’hedge fund’’. Sir Chris Hohn ne déroge pas à cette tendance en consacrant des miettes, c’est-à-dire un pourcentage minime de ses gigantesques dividendes.

C’est sans doute à ce type d’action que faisait allusion Emmanuel Macron quand il prétendait que les fortunes des ultra-riches ruisselaient ou quand il s’essayait à justifier la baisse de l’impôt sur les sociétés et l’impôt sur la fortune.

Pour comprendre les articles vantant les insolents profits des hedge fund, en revanche, il n’y a pas besoin de dictionnaire. On connait parfaitement le mécanisme du capitalisme, depuis deux siècles maintenant. Il est toujours le même, exploiter les hommes et appauvrir encore plus les dominés pour s’enrichir chaque jour davantage.