Dans un très long article publié par la prestigieuse revue américaine Harper’s, Michel Houellebecq donne toute la mesure de son délire. Et il est insondable.

On peut lire le titre comme une provocation, au second degré : « Donald Trump est un bon président ». Mais, les arguments avancés par l’auteur des Particules élémentaires laissent pantois et nous ne pouvons plus avoir de doute sur les facultés de jugement de l’émérite écrivain : tous les défauts de Donald Trump ne sont que de sournoises élucubrations de ses adversaires, anti-libéraux communistes, écologistes, intellectuels, journalistes, etc.

Houellebecq, qui est en parfaite communion avec l’idéologie nationaliste de l’occupant de la Maison Blanche, a réussi, lui, à trouver des qualités au pire président que les Américains ont connu.

Houellebecq écrit, par exemple, que « Les Américains ont cessé d’essayer de propager la démocratie aux quatre coins du monde », ou encore que « Les Américains ne sont plus prêts à mourir pour la liberté de la presse. D’ailleurs quelle liberté de la presse ? Depuis que j’ai douze ans, j’observe la gamme d’opinions permises dans la presse qui rétrécit progressivement (j’écris ceci peu après la lancement d’une nouvelle expédition de chasse en France contre le célèbre écrivain antilibéral Eric Zemmour) ».

Houellebecq prenant la défense de Zemmour et tout est dit !

Il distribue également des bons points au président fou en matière de commerce international : « Le président Trump déchire les traités et les accords commerciaux lorsqu’il pense qu’il était faux de les signer. Il a raison ; à ce sujet les dirigeants doivent savoir utiliser la période de réflexion et se retirer des mauvaises affaires. »

Et, aberration définitive, Houellebecq ose écrire : « Le président Trump a été élu pour protéger les intérêts des travailleurs américains. Il protège les intérêts des travailleurs américains. Au cours des cinquante dernières années en France, on aurait voulu avoir plus souvent ce genre d’attitude ».

En matière de relations internationales, Houellebecq tombe en pamoison devant les faits et gestes de Trump : « Il semble que le président Trump ait même réussi à apprivoiser le fou nord-coréen ; j’ai trouvé cet exploit positivement chic ».

Houellebecq a le droit d’avoir des idées réactionnaires et de trouver des qualités à un président des Etats-Unis vilipendés partout ; il a aussi le droit de l’écrire si une publication accepte de les publier. Mais on peut lui contester un manque d’intelligence et de lucidité. Comme on peut s’étonner de le voir étaler sa mégalomanie en qualifiant Victor Hugo de grandiloquent et de stupide. « Cela me fait toujours un peu de bien de critiquer Victor Hugo », écrit-il encore.

N’est-ce pas suffisant pour douter des facultés de Houellebecq ?

Heureusement, Trump est un locataire à durée limitée de la Maison Blanche ; mais, hélas, Houellebecq, lui, écrira encore après Trump.