La colère sociale s’exprime aujourd’hui dans les rues de la France à l’appel des syndicats combatifs, sans les syndicats d’accompagnement (ou de salon). Salaires, emploi, réforme des retraites, réforme de l’assurance-chômage, santé, enseignement et recherche sacrifiés, les motifs de colère sont nombreux dans un société entièrement dédiée à un système à bout de souffle..

Par un effet de hasard, un consortium international de journalistes dévoile les Pandora Papers, autrement dit une enquête mettant au jour une nouvelle liste de sociétés créées dans les paradis fiscaux pour permettre à 35 chefs d’Etat, 330 responsables politiques et économiques parmi lesquels Dominique Strauss-Kahn ou Tony Blair, et 130 milliardaires ont dissimulé leur fortune, soit des milliards de dollars pour échapper à l’impôt, au moment même où les chômeurs voient l’assurance-chômage réduire honteusement leurs maigres indemnités.

Depuis une dizaine d’années, les révélations sur les paradis fiscaux et leurs bénéficiaires se succèdent : Offshore Leaks (2013), China Leaks (2014), Panama Papers (2016), Bahamas Leaks (2016), Football Leaks (2016), Money Island (2017), Malta Files (2017), Paradise Papers (2017), Dubaï Papers (2018), Fin-CEN Files (2020), Open Lux (2021) et tels l’hydre de Lerne, les mécanismes débusqués et ‘’régulés’’ se reconstituent sous une autre forme et avec des modalités différentes.

Ces scandales ont mis au jour des détournements de fonds par les plus riches, ceux-là même qui appauvrissent les plus pauvres et prétendent qu’il s’agit d’une loi naturelle.

La finance a confisqué le pouvoir politique pour mieux continuer à amasser des fortunes difficiles à imaginer. Emmanuel Macron s’érige en héraut de ce spectacle peu ragoûtant, puisque, pour l’ex-banquier, c’est au marché de réguler l’économie, donc les salaires et la répartition des richesses.

Un scandale en chasse un autre et la liste des détournements de fonds vers les paradis fiscaux s’allonge. Le dévoilement de ces turpitudes est le fruit d’un travail de fourmis par les journalistes. Mais, aussitôt publié, aussitôt oublié et on passe à autre chose : l’information a été confisquée par les milliardaires qui ont acheté tous les médias les plus influents. L’information est bien gardée.

Le Monde a fait son titre de ‘’une’’ sur le dernier scandale (« Pandora Papers » : les paradis fiscaux mis à nu) et lui a consacré trois pages quand le journal télévisé de France 2 présenté par Anne-Sophie Lapix, c’est-à-dire le service public, ne lui a accordé que trois petites minutes (centrées sur le seul Strauss-Kahn) avec un sujet qui n’arrive qu’en 14eposition dans le sommaire, vers 20h30 quand l’attention du téléspectateur se relâche..

« Il faut que la colère s’exprime » a tonitrué Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT. Colère contre un système pourri et une information entre les mains de fraudeurs. Colère contre des médias qui tentent de museler l’information et le travail nécessaire de leurs journalistes