Voilà que la guerre économique vient gangréner le football au plus haut niveau. Le phénomène n’a rien de nouveau, le football européen attire à lui depuis de nombreuses années les plus gros sponsors et ne laisse que des miettes aux autres continents ; le football-business est florissant sur le vieux continent avec ses clubs riches, ses crises et ses faillites comme celle qui touche le club phare de Barcelone.
Les bailleurs de fonds, quelques multinationales comme Coca-Cola à la recherche de nouveaux marchés, sont attentives à tout et demandent davantage d’expositions de leurs marques à la télévision et sur les réseaux dits sociaux, au nom de la nouvelle économie dite mondialisée. Le capitalisme entend dicter sa loi au football, à son organisation et à ceux qui gèrent les compétitions. Quoi qu’il en coûte !
Et, subitement, ressurgit l’idée d’organiser la Coupe du monde tous les deux ans (au lieu de tous les quatre ans). Le président de la Fédération internationale (la FIFA), Gianni Infantino applaudit des deux mains (et des deux pieds) et vient de consulter les 211 fédérations nationales membres. Avec un argument spécieux : les retombées économiques (entendons par là la manne des sponsors et des droits de retransmission, y compris ceux d’Amazon, friand de football pour sa chaîne Prime Vidéo) permettront de venir mieux en aide aux petits pays et aux petites fédérations continentales comme l’Afrique, l’Asie, l’Océanie et l’Amérique centrale.
La FIFA lorgne vers les recettes publicitaires et des droits télévisés de l’UEFA qui, elle, organise de multiples compétitions (Coupes d’Europe des clubs, Championnat d’Europe, Coupe des Nations, etc.) et a démultiplié les expositions des marques dans les stades et sur les écrans. La Coupe du monde tous les deux ans obligerait l’UEFA à réduire le nombre de ses compétitions et donc ses recettes, au seul profit de la FIFA. Et peu importent la santé des joueurs, l’intérêt dilué du spectacle et la saturation du public.
La loi du marché régit le football. Un torrent financier y coule à flot quand la recherche, l’enseignement, la santé ou les services publics sont laissés en jachère.