La bête immonde s’est emparée des émeutes dans les banlieues et fait dans la surenchère raciste. Deux syndicats de police, Alliance (affilié à la CFE-CGC) et UNSA ont cosigné un communiqué dénonçant les « hordes sauvages » ; pour les deux organisations « l’heure n’est pas à l’action syndicale mais au combat contre ces ‘’nuisibles’’ », ajoutant « se soumettre, capituler et leur faire plaisir en déposant les armes ne sont pas la solution ».
Cet appel à la guerre civile est si odieux que les deux confédérations syndicales ont simplement désavoué leurs syndicats de policiers, quand la seule solution aurait été de les exclure.
Les racistes, membres ou anciens membres du Front national ou du Rassemblement national, les proches de Zemmour, suivis par les Républicains se lâchent et déversent les insultes les plus infâmes, multipliant leurs slogans simplistes et guerriers (les hordes sauvages, les nuisibles, ne pas déposer les armes). Les chaînes d’information en continu (et, hélas, les autres) raffolent de ces petites phrases et les relaient sans retenue, se refusant de prendre le recul vis-à-vis d’arguments tombant sous le coup de la loi.
Dans cette surenchère politicienne, Jean Messiha a décroché le premier prix en lançant une cagnotte pour les proches du policier qui a tiré sur Nahel et se félicite d’avoir atteint plus de 800 000 euros en quelques heures ; ainsi conforté, il a cru pouvoir ‘’twitter’’ : « Ce soir les gaucho-collabos font une syncope. Tenez-vous bien ; la cagnotte que j’ai lancée pour la famille du policier Florian M. dépasse celle créée en faveur de la mère de Nahel ». Le multi-condamné, faut-il le rappeler, est chroniqueur sur CNews, la chaîne Bolloré !
Dans le contexte, la voix de François Dubet, le sociologue, n’est relayée que par quelques médias. Pour lui, « c’est la répétition des événements qui devrait nous interroger ». Il constate dans Le Monde que les relais (élus, militants associatifs, enseignants, travailleurs sociaux, partis, syndicats, etc.) ont disparu à quelques exceptions près : « Nous sommes passés d’une société dans laquelle les individus étaient définis par leur travail à une société dans laquelle ils le sont par leur niveau d’exclusion » et il ajoute : « Les émeutes des banlieues sont un problème social, mais elles ne débouchent pas sur l’émergence d’un acteur ». Puis, il tire de cette situation une conclusion inquiétante : « Personne ne « fait le jeu » de personne, mais comment ne pas voir que l’extrême droite et une partie de la droite construisent un récit parfaitement raciste dans lequel la question des banlieues est, avant tout, une affaire culturelle et nationale, dans lequel le maintien de l’ordre est la fin de toute politique ? Quand les images de violences passent en boucle sur les réseaux et les écrans, on peut craindre que, sans trop dire et sans rien faire, l’extrême droite tire les marrons du feu. »
La situation est grave. Où est la gauche ? Question récurrente !