Cyril Hanouna est partout. Sur la chaîne scandaleuse de Bolloré C8. Sur le rayon des librairies avec un livre écrit avec Christophe Barbier. Et il veut entrer dans le débat politique de 2022, avec une émission ‘’Déjà à vous de voter’’.
Cyril Hanouna était déjà partout avant cette rentrée, quand Emmanuel Macron lui téléphonait, quand la nullissime ministricule Marlène Schiappa et d’autres politiciens en mal d’audience s’abaissaient (et avec eux la politique) à venir cancaner devant le micro tendu par le trublion, au cours de ses émissions ‘’Touche pas à mon poste’’ et ‘’Balance ton post’’.
Hanouna est à peu de choses près la caricature de l’odieux Zemmour, un peu plus vulgaire, un peu moins cultivé. Ils sont les deux facettes de la télévision Bolloré.
La situation m’attriste au plus haut point, notamment quand j’examine les audiences de ces deux animateurs. Et je me suis rappelé des citations dont j’ai usé (sans en abuser) dans mon dernier livre, ‘’Journalistes, brisez vos menottes de l’esprit’’ (Editions Maïa).
Je les trouve particulièrement adaptées à la situation et je les cite par ordre chronologique :
« Cette manière d’élever le journalisme à la hauteur d’un spectacle permet à ses promoteurs de laisser croire qu’ils ont du talent. »
Jean Yanne, Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil (1972)
« De même que les algues mutantes monstrueuses envahissent la lagune de Venise, de même les écrans de télévision sont saturés d’une population d’images et d’énoncés dégénérés. »
Félix Guattari, Les trois écologies (1989)
« Quand je vois des animateurs incultes, médiocres, parfois vulgaires, se prendre pour des avocats, des censeurs ou des philosophes… J’explose ! »
Jean Ferrat, Le Parisien (1991)
« L’écran de télévision est devenu aujourd’hui une sorte de miroir de Narcisse, un lieu d’exhibition narcissique. »
Pierre Bourdieu, Sur la télévision (1996)
Relire ces quelques phrases ne me rassurent pas sur l’évolution de la télévision et de sa force d’attraction ; elles ne me rassurent pas sur l’état de notre démocratie, mais elles m’enseignent qu’il faut lutter contre les animateurs et journalistes qui endorment le peuple et qui l’entraînent dans la médiocrité.