Emmanuel Macron aura ‘’abîmé la démocratie’’ au cours de son quinquennat par une politique antisociale et liberticide, mais aussi en insultant les citoyens et en exacerbant les tensions à coups de petites phrases, longuement réfléchies. Le prétendu homme jeune, bousculant les vieilles habitudes et les clivages droite-gauche n’aura fait illusion qu’un bref instant.
Vouloir emmerder les anti-vaccins n’était qu’une formule politicienne. Le résultat est catastrophique : la vieille France, rance et fascisante, catholique traditionnaliste et anti-républicaine a puisé de nouvelles forces dans cette provocation d’un président de la République aux abois.
Cette France, héritière des ligues nationalistes, pétainiste, s’exprime ouvertement et de façon inquiétante. Des affiches ont été placardées sur les murs de bibliothèques parisiennes, baptisées ‘’Certificat de Collaboration’’ sur lesquels on peut lire :
« Certificat de Collaboration délivré à Bibliothèque … Pour vous remercier d’avoir collaboré avec l’Etat Français et avoir appliqué l’apartheid sanitaire avec obéissance et docilité. Sans craindre de violer l’article 1 de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme de 1948 : ‘’Tous les êtres humains naissent libres et égaux en droit et en dignité’’. Quel courage ! »
Ces affiches, faussement signée de la préfecture de Paris, sont anonymes, comme les lettres qui, en 1942, dénonçaient des juifs.
Cette référence à l’Occupation nazie et aux vrais collabos des troupes allemandes est scandaleuse ; on mesure là l’impact des idées de Le Pen et Zemmour sur une frange de citoyens.
Accuser les bibliothécaires de collaboration quand ils et elles font un travail admirable pour éradiquer l’ignorance en encourageant les citoyens à lire, nous replonge dans les années les plus sombres de l’Inquisition, puis de la barbarie nazie. Macron, l’imposteur et le provocateur, participe à un recul de civilisation, tout en feignant de combattre Le Pen et Zemmour.
Retrouver l’esprit de la France des Lumières est d’une urgence vitale aujourd’hui, dans ce climat délétère qui s’est installé dans le débat public.
On ne peut se satisfaire d’un état de fait, dénoncé, dans Télérama, par l’historien Gérard Noiriel à propos de l’immigration (mais la formule s’applique aussi bien ici) :
« Vu l’état du discours public, on ne peut que constater l’échec de tous ceux qui espèrent apaiser le sujet par la connaissance. »
Apaiser le sujet par la connaissance ? Un beau programme, qui ne vaut pas que pour la situation sanitaire. Gérard Noiriel en a fait un combat au quotidien pour « faire évoluer les regards et les mentalités » à propos de l’immigration :
« La tradition française gomme les origines au profit de l’appartenance à la nation. Peu de gens savent que plus de 25 % des Français ont des origines étrangères, ou que nous étions, en 1930, le pays du monde comptant le plus d’immigrés, davantage que les États-Unis. La France s’est construite avec et grâce à eux. »
Retrouver l’esprit des Lumières, mais également celui de la Résistance. S’engager dans le combat pour l’émancipation. Ne pas se complaire dans la dénonciation des idées les plus réactionnaires. Retrouver l’esprit des Hussards noirs de la République. Quel beau combat d’aujourd’hui pour demain ?