Dans son édition datée du jeudi 15 août, le Monde titre en une « L’Allemagne menacée par la récession », le lendemain, elle titre encore sur nos voisins d’outre-Rhin : « En Allemagne, l’inquiétante montée des violences d’extrême droite ».

Le quotidien vespéral consacre son éditorial à la situation du pays dirigé par Angela Merkel : « Le risque d’une terreur brune ».

Le retournement à propos de la situation de l’Allemagne est spectaculaire ; hier, elle était considérée comme un modèle et nos brillants économistes alimentaient les commentaires des politiques en glorifiant le capitalisme rhénan. Aujourd’hui, le réveil est brutal : l’Allemagne ne va pas bien, malgré un taux de chômage en trompe-l’œil. Les groupes industriels sont en repli ; ils seraient affectés par la dégradation du commerce mondial, toujours selon le Monde.

Le Monde, donc, s’est penché sur l’économie d’un pays qu’il qualifie comme la plus puissante et motrice de la zone euro, et sur sa situation sociale. La détérioration de la situation sociale ne fait-elle pas le lit de l’extrême droite qui prend le prétexte de l’accueil de réfugiés pour multiplier les agressions non seulement d’immigrés, mais aussi, et c’est un fait nouveau, d’élus locaux.

La crise allemande est profonde ; les groupuscules néonazis y trouvent un terrain favorable à l’expression de leur idéologie nauséabonde et inquiétante.

La récession d’un pays vieillissant et la politique antisociale des gouvernements de coalition des partis de droite et du parti social-démocrate, depuis de nombreuses années, ont fait basculer de nombreux allemands appauvris et précarisés dans la haine de l’autre. Le parti AfD (Alternativ für Deutschland) y a trouvé un électorat acquis à sa cause, comme partout ailleurs en Europe où les mêmes politiques produisent les mêmes effets. Le parti xénophobe a ainsi pu faire élire près de 100 députés au Bundestag.

La situation de l’Allemagne est d’autant plus inquiétante, qu’elle apparaît encore comme « le » modèle européen et qu’elle avait, jusque là, réussi à juguler le retour de la « bête immonde ».

Les violences d’extrême droite en Allemagne interpellent tous les progressistes de l’Europe entière ; les résultats électoraux de l’AfD interpellent tous les dirigeants politiques de l’Europe entière.

Alors, ne doit-on pas avoir une réaction à hauteur de la situation en rejetant définitivement et fortement « le » modèle allemand et tourner le dos à un capitalisme, fut-il rhénan, qui prépare des jours sombres (bruns en l’occurrence) aux pays qui ne voudraient pas opérer leur révolution ?