Le lobbying, mot barbare et mot-valise, a perdu une bataille au Parlement européen avec le vote de la directive dite copyright. Les géants américains du numérique (Google en premier lieu) ont en effet dépensé des sommes énormes pour lui faire échec. Si leur fric avait réussi à soudoyer les élus en juin, ceux-ci les ont « trahi » en septembre. Curieux retournement de situation qui en dit long sur la posture morale de certains députés européens !

Pour ma part, je retiendrai néanmoins qu’il est prouvé une fois encore que le fric ne peut pas tout et je m’en félicite.

Le vote de la directive sur le droit d’auteur réjouit donc beaucoup de monde : les GAFA, comme on les surnomme, ont perdu et ils devront rémunérer les ayant-droits. Toutes les raisons de se réjouir sont réunies d’une victoire sur les affreux groupes américains, obèses, qui défient la Bourse avec des capitalisations outrancières et imméritées, sur le fric et, peut-être sur l’arrogance et la bêtise de Trump, par procuration !

Pourtant, au final, ne s’agira-t-il pas d’une victoire à la Pyrrhus pour les auteurs ?

Tout n’est pas encore joué et le chemin est encore long avant de voir les effets de la directive. Les GAFA ont accusé le coup, mais sont déjà prêts à repartir au combat pour faire échec aux prétentions des ayant-droits et aux médias. Les paquets de dollars sont prêts.

Comme certains éditorialistes ont pu l’écrire, il s’agit avant tout d’une victoire du court-termisme, qui ne règle aucun des problèmes des auteurs face à des industriels de la culture et de la communication de plus en plus avides d’exploiter des œuvres non pour le développement de la culture populaire et de l’information citoyenne, mais de gonfler leurs profits et leurs dividendes.

Les auteurs ont été des alliés de circonstance du fric contre le fric. Pas sûr qu’ils soient payés en retour !