Maurice Audin a été victime d’un crime d’Etat. Emmanuel Macron s’est rendu chez sa veuve, Josette, pour lui remettre la déclaration le reconnaissant.

Il s’agit d’un geste politique et historique, assurément ; mais il s’agit surtout d’une grande victoire mettant un terme à un (trop) long combat de soixante et un ans de la famille du brillant mathématicien, professeur à l’université d’Alger et militant communiste, anticolonialiste, mort sous la torture ou sous les coups de militaires français au service du colonialisme.

Il a fallu l’opiniâtreté de sa famille, de Pierre Vidal-Naquet (et d’autres) et du Parti communiste pour forcer la main d’un président de la République et de nostalgiques de l’Algérie française qui gravitent encore autour du pouvoir politique pour reconnaître la vérité et rendre sa dignité à Maurice Audin et à ceux, nombreux, qui ont été assassinés lâchement comme lui.

Le geste d’Emmanuel Macron n’a rien de spontané ; il s’agit d’un geste politique à un moment où il est en difficulté dans les sondages (et avec les citoyens), tout autant qu’avec sa majorité.

La journée a été marquée par un autre rendez-vous du président de la République avec les Français ; il a présenté une série de mesures visant à éradiquer la pauvreté, sous le titre ronflant « Faire plus pour ceux qui ont moins ».

Le geste est encore politique, mais (beaucoup) moins flamboyant, car le fameux plan pauvreté a accouché de mesurettes qui n’éradiqueront jamais la pauvreté. Au contraire, Macron a avancé quelques intentions qui ne manquent pas d’inquiéter et a eu quelques absences.

Comment parler de pauvreté quand on oublie les réfugiés et les personnes âgées ?

Il est difficile sinon impossible à Macron de quitter son costume de président des riches et ses postures concernant le ruissellement, quand on est issu, comme lui, de la caste des possédants et des nantis.

Maurice Audin aurait sans doute préféré être associé à une journée où les pauvres, ceux avec qui il militait, auraient pu espérer sortir de la misère ! A une journée où le président de la République aurait annoncé que les entreprises, qui, en Algérie, avaient profité largement du colonialisme, allaient être taxées pour partager les richesses et éradiquer vraiment la pauvreté dans la sixième puissance économique de la planète !