Contrairement à une idée reçue (dont il faut toujours se défaire), tous les sénateurs ne dorment pas l’après-midi après un bon repas à la cantine de la haute assemblée.

Certains sénateurs savent réveiller l’assistance et parler vrai.

Pascal Savoldelli, sénateur communiste, a interpellé la ministre du travail, Elisabeth Borne, et a permis de mettre au jour le double langage du président de la République :

« Emmanuel Macron avait annoncé le projet de revenu d’engagement pour les jeunes, le 12 juillet dernier. Ce dispositif devait permettre d’atteindre l’ensemble des jeunes sans travail ou sans formation, mais son ambition a depuis été revue à la baisse, puisque le nombre de jeunes pouvant y aspirer a été réduit de plus de moitié, moins de 500 000 jeunes étant désormais concernés (…) Aujourd’hui, il semblerait même que le projet soit enterré. Un article du journal Libération daté d’aujourd’hui cite à ce sujet un élu : « Ce n’est pas au moment où l’on manque de serveurs ou de personnes sur les chantiers qu’il faut laisser penser qu’on va filer 500 euros aux jeunes. » C’est donc cela, l’horizon que l’on propose à une partie de la jeunesse ? La précarité ! Travaille et tais-toi ! »

En guise de réponse, la ministre n’a eu qu’une phrase d’une vacuité abyssale :

« Aucun Président de la République n’a autant agi en faveur de la jeunesse. »

Devant l’étonnement du sénateur, elle a osé ajouter :

« Monsieur le sénateur, il ne faut pas forcément croire tout ce qui est écrit dans les journaux. »

Les journalistes apprécieront. Notamment ceux de Libération et ceux qui sont à l’origine des Pandora Papers, déjà passés sous silence !

La réplique de Pascal Savoldelli a été cinglante :

« Ce que vous venez de me répondre, de nous répondre à tous, c’est que la promesse du président Macron est enterrée ! Vous n’en avez pas dit un seul mot dans votre intervention ! Vous avez enterré une promesse sociale : voilà ce que vous venez de faire ! »

Quant à la chute du sénateur, elle résume parfaitement la politique macronienne :

« Si les jeunes avaient été une banque, ça fait longtemps que vous les auriez aidés. »