Richard Berry nous a offert un moment exceptionnel hier soir au cours de l’émission Le Grand Echiquier avec un extrait de son spectacle Plaidoiries.

C’est la magie du direct : l’acteur a repris la plaidoirie de l’avocate Gisèle Halimi prononcée au tribunal correctionnel de Bobigny en 1972. Prononcé dans l’enceinte d’un tribunal le texte est inédit ; Richard Berry a permis de découvrir sans doute le plus beau plaidoyer féministe jamais écrit. Juste politiquement et émouvant.

L’acteur a eu raison d’ajouter qu’il est l’une des plaidoiries qui, par sa justesse politique, a contribué à changer la vie sociale des femmes.

Gisèle Halimi a fait de sa plaidoirie une tribune contre la société patriarcale, machiste et contre la loi de 1920 ; elle a contribué à faire évoluer les mentalités et à préparer le terrain à la loi Veil sur l’interruption volontaire de grossesse.

En même temps, Gisèle Halimi avait fait le procès du capitalisme et de l’exploitation des ouvriers, mais aussi de la surexploitation de la femme. Richard Berry faisant remarquer que, hélas, la plaidoirie de l’avocate était d’une brûlante actualité quand on mesure les obstacles rencontrés par les femmes pour avorter en Pologne, en Italie, aux Etats-Unis, en Argentine et en France, mais aussi les agressions sexuelles, les féminicides, les tâches ingrates qu’elles occupent dans toute la société et dans les familles.

Le texte dit par un homme gardait toute sa force de persuasion, toute sa beauté grâce à un Richard Berry juste, animé par la flamme de l’avocate.

Nathalie Dessay, présente à l’émission, en a été bouleversée, les larmes aux yeux et incapable de prononcer une parole. Elle ne fut sans doute pas la seule ; le silence avait envahi les invités. La force de persuasion de Richard Berry puisée chez l’avocate était vraie parce que puisée aux fonds des entrailles des femmes contraintes d’avoir recours aux faiseuses d’ange pour avorter.

Tout est juste dans la plaidoirie ; tout est vrai et l’émotion qui s’en dégage est juste elle aussi.

Magie du direct, disais-je.

Après l’émission de la veille de cette boursouflure d’Hugo Clément, on mesure combien la télévision est capable, aujourd’hui, du meilleur comme du pire.