En Italie, Matteo Salvini vient de dévoiler sa stratégie de conquête du pouvoir dans une interview au quotidien de droite Il Giornale. Il rencontrera dans les prochaines heures Silvio Berlusconi et Giorgia Meloni, la présidente du parti de l’ultra-droite, Frères d’Italie, pour leur proposer un pacte électoral.

Le Mouvement 5étoiles (M5S) de Beppe Grillo et de Luigi Di Maio semble découvrir la dangerosité de Salvini et n’a pas trouvé d’autre réponse à lui opposer que de vouloir créer un « front républicain » avec le Parti démocrate notamment, pour, dit-il, empêcher les « barbares » d’accèder au pouvoir. La formule est audacieuse puisque le M5S leur a fait la courte échelle. Matteo Renzi et Enrico Letta du Parti démocrate, frétillant à l’idée de revenir au pouvoir, ont déclaré soutenir l’initiative.

Salvini en rit encore et il a beau jeu de dénoncer les magouilles et manœuvres de palais ! Il est applaudi par de très (trop) nombreux Italiens qui n’en peuvent plus de ces politiciens de peu de scrupules et n’hésitent plus à se tourner vers l’extrême-droite. Même si elle avoue être prête à s’allier avec une droite encore plus extrême, les Frères d’Italie.

Les Italiens peuvent donc basculer vers un pouvoir ouvertement fasciste, raciste et antisocial, insolent même, en rejetant des politiciens caricaturaux, qui les ont plongé dans la pauvreté et la récession, qui ont sombré dans la gestion du capitalisme sauvage, après avoir tout promis et rien remis en question.

Sans doute seront-ils abusés par Salvini, comme ils l’ont été par Berlusconi, mais ils sont prêts à croire encore à l’homme providentiel tant ils sont révulsés par les partis qui se réclament de la démocratie.

Les Italiens, au fond, se comportent comme les Hongrois, les Estoniens, les Polonais les Autrichiens, et d’autres, qui ont porté, avant eux, l’extrême-droite au pouvoir.

Les politiciens de toute l’Europe restent sans réaction et ne pensent qu’à se partager les postes à Bruxelles et à Strasbourg. Ils sont responsables de cette marée brune qui déferle inexorablement sur le vieux continent en réaction aux effets sur la vie quotidienne de leurs Traités de Maastricht, de Lisbonne, de Nice ou d’Amsterdam.

Les peuples européens ont besoin de voix fortes, progressistes, pour opérer une catharsis collective et entreprendre une révolution copernicienne. Celles-ci ne peuvent venir que de la gauche radicale unie pour renouer avec l’esprit des Lumières, de Goethe, de Verdi.

Mais, aujourd’hui, hélas la perspective semble encore lointaine. Où est l’Europe qui devait assurer le bonheur à l’ensemble des citoyens ?