Le président ukrainien Petro Porochenko a été l’objet de toutes les sollicitudes des gouvernements occidentaux. En septembre 2014, par exemple, François Hollande, Angela Merkel, Matteo Renzi, David Cameron et Barack Obama l’avaient reçu en grande pompe à Newport au Royaume-Uni dans le cadre d’une réunion au sommet de l’OTAN.

Les dirigeants de l’OTAN en avaient fait leur plus sur allié pour entretenir une nouvelle guerre froide avec la Russie de Poutine. Au mépris des intérêts du peuple ukrainien, victime d’une corruption sans précédent. Au mépris aussi d’un rapport dressé par des experts britanniques qui avaient relevé le niveau élevé d’incompétence et de corruption de l’administration.

Les aides financières n’ont pas manqué à Porochenko et aux oligarques ukrainiens. Rares sont les fonds occidentaux qui ont bénéficié au peuple ; les mafias ont détourné des sommes colossales et ont bénéficié de la couverture par ceux qui étaient en charge de la lutte contre la corruption. Le président sortant qui avait fait de la lutte contre la corruption son slogan de campagne est lui-même englué dans des scandales : ses chantiers navals avaient, par exemple, obtenu les contrats  d‘entretien des bâtiments de la marine nationale !

Le peuple s’est détourné de Porochenko de façon spectaculaire puisqu’il n’a obtenu que 24,6 % des voix dimanche. Mais l’Ukraine en a-t-elle fini pour autant avec la corruption ? On en doute.

Le comédien Volodymyr Zelenskiy (73,06 % des voix) ne sort pas du néant comme on tente de la faire croire dans les capitales occidentales. Lui aussi est entre les mains d’oligarques et notamment de celles de Ihor Kolomoiskiy, israélo-chyprio-ukrainien, banquier, transporteur aérien, métallurgiste, pétrolier, patron de presse et notamment d’une chaîne de télévision, 1+1.

Le nouveau pouvoir en Ukraine ne semble pour l’heure pas plus fréquentable que le précédent. Les Occidentaux sont rassurés !

Quel triste spectacle de voir de prétendues démocraties n’avoir comme alternative que le choix entre la corruption et l’incompétence d’un bateleur.

Quel triste spectacle donné par l’Italie de Beppe Grillo, l’Ukraine de Zelenskiy, la Hongrie de Viktor Orban et de toutes les autres qui provoquent le désintérêt des citoyens pour la chose publique ou les poussent à se jeter dans les bras soit de comiques, soit de quasi dictateurs.

L’espoir, il faut aller le rechercher de l’autre côté de la Méditerranée où la jeunesse algérienne s’émancipe des corrompus et des oligarques sans heurt, avec dignité, sang-froid et une certaine idée de la démocratie. Sans que rien, cependant, ne soit encore écrit définitivement.