La comparaison est osée, mais je crois pouvoir écrire que Valérie Pécresse vient d’émettre une fatwa (peu glorieuse) à l’encontre d’Angela Davis. Plus curieux encore, la présidente de la région Île-de-France l’a prononcée au nom de la défense de la laïcité, elle, l’ancienne élève de toutes les écoles catholiques intégristes.
Quelques jours après les obsèques de Nahel, victime du tir d’un policier, Valérie Pécresse a débaptisé le lycée Angela Davis de Saint-Denis pour le renommer Rosa Parks. Autoritairement et de manière antidémocratique, en tentant de montrer ses petits muscles. Une ridicule opération de bas étage, digne d’une petite personne à la recherche d’une notoriété perdue.
L’affaire couvait depuis le mois de mars quand le conseil régional publiait une déclaration affirmant que « les différents propos d’Angela Davis critiquant la laïcité et la législation françaises nous amènent à proposer une modification de la dénomination de cet établissement ». Valérie Pécresse argumentant en déclarant : « Certaines prises de position d’Angela Davis vis-à-vis des lois de la République et de l’Etat français font qu’il ne me semble pas judicieux de donner le nom Angela Davis au lycée (…) j’ai saisi le ministre de l’éducation nationale de cette question mais il a choisi de détourner les yeux des sujets de laïcité » »
Angela Davis avait irrité la présidente de la région en signant une tribune en 2021 avec six cents universitaires de tous les pays dans laquelle on pouvait lire : « Cette mentalité coloniale se manifeste dans les structures de gouvernance de la France, en particulier vis-à-vis des citoyens.ne.s et des immigré.e.s racisé.e.s ».
Les réflexions de Pécresse sont lentes. Le lycée porte le nom d’Angela Davis depuis son ouverture en 2017 ; son conseil d’administration s’est prononcé en vain contre la décision de la présidente de la région. Le ministre de l’éducation nationale, Pap Ndiaye, a jugé inopportun « de changer le nom du lycée Angela Davis (…) une grande figure du mouvement pour les droits civiques, dont personne n’est obligé de partager tous les points de vue, mais qui peut cependant figurer sur les frontons de nos écoles ».
Valérie Pécresse se joint à Eric Ciotti pour tenter de redonner des couleurs à son parti en fouillant dans les poubelles de l’histoire ; elle tente de se refaire une réputation après son piètre score à l’élection présidentielle. En faisant un clin d’oeil à l’électorat de l’extrême droite. Les bourgeois ne changeront donc jamais ?
C’est une très médiocre opération politicienne. Inutile d’aller plus loin ; c’est vil et bas. Les lycéens, leurs parents et les enseignants du lycée Angela Davis n’en peuvent plus !