Elle n’a pas pu faire capoter l’évitement du salaire, mais elle a fait une intervention qui marquera l’histoire du Palais-Bourbon. Alors que les députés s’apprêtaient à voter le projet de loi sur le pouvoir d’achat présenté comme un moyen de lutter contre l’inflation galopante, Rachel Keke Raïssa les a vertement interpellé :

« J’aimerais savoir dans cet hémicycle qui a déjà touché 800 euros ? Qui a déjà touché 900 euros ? 1 000 euros ?  Personne ! Je suis élue députée, et je découvre un truc horrible. Vous méprisez les métiers essentiels, vous méprisez ceux qui servent la France. Quand vous arrivez dans les restaurants pour manger, quand vous allez au Monoprix, vous êtes heureux. Réfléchissez. »

Rachel Keke est une femme qui sait ce que signifie d’être miséreux ; elle a lutté toute sa vie pour faire reconnaître sa dignité. Elle a commencé à travailler (durement) à 16 ans et, au terme d’une grêve qui a débuté le 17 juillet 2019 et qui a duré 22 mois aux Batignolles, avec les autres femmes de chambre et le soutien de la CGT, elle a réussi à faire plier le groupe hôtelier Ibis. L’hémicycle ne l’intimide pas ; elle parle avec cette intelligence que les patrons et les élus de droite et d’extrême droite dénient aux Français de peu ou que Macron qualifie d’analphabètes.

Rachel Keke a dénoncé le contenu du projet de loi et elle a demandé aux députés qui allaient voter la loi de réfléchir. Comme elle l’a fait, elle, en parfaite députée et en votant en conscience.

Hélas, la réflexion des élus de droite et d’extrême droite, réunis dans un même élan, s’arrête aux intérêts de classe qu’ils ont mission de défendre coûte que coûte, à l’image d’une Marine Le Pen, qui n’a jamais connu les fins de mois difficiles dans le Parc de Montretout à Saint-Cloud. La patronne du parti fasciste a prétendu se mettre à la disposition des Français et défendre les plus pauvres ; elle aurait pu applaudir l’intervention de Rachel Keke et intervenir pour la soutenir. Elle a montré son vrai visage en votant avec le parti de Macron et les Républicains. Le RN et les autres sont démasqués. Rachel Keke a mis en évidence leur mépris.

On peut rêver du jour où d’autres Rachel Keke siégeront à la place des valets du capitalisme le plus sordide. Celui qui prétend défaire les acquis du Conseil national de la Résistance (CNR) et tous les conquis de la classe ouvrière.