Quel affreux gâchis ! Internet et le Web, formidables moyens de communication de données, de savoirs ont été dévoyés et ont donné naissance à des applications comme Twitter, Facebook, véhiculant le meilleur et le pire de la pensée humaine.

Que des politiques puissent utiliser un moyen de communication limité à 280 signes est tout simplement désolant ; peut-on imaginer gouverner un pays aujourd’hui, dans un monde complexe, en deux ou trois phrases, limoger un ministre, alimenter un débat sur une loi ou un programme électoral par un ‘’Tweet’’ de deux ou trois phrases.

Tous en usent et en abusent. Comme Donald Trump, champion toutes catégories de la démocratie à la mode Twitter et autres réseaux qui se prétendent sociaux, quand les idées les plus nauséabondes circulent le plus souvent sous couvert de l’anonymat des pseudonymes.

Trump voit son compte désactivé et le monde s’émeut, alors que son contenu fut à la fois raciste, misogyne, injurieux ou mensonger (en France, il tombait quotidienneemnt sous le coup des lois) ; le ministre de l’économie, Bruno Le Maire s’est mêlé à ceux qui ont dénoncé d’un acte de censure : « La régulation des géants du numérique ne peut pas se faire par l’oligarchie numérique elle même », a-t-il déclaré sur France Inter. Le commissaire européen au marché intérieur, Thierry Breton, lui, n’a pas hésité à parler de « 11­Septembre de l’espace informationnel ».

Les deux hommes occupent des positions élevées et ont l’indignation sélective : ils sont restés muets après les censures effectuées par leur ami Vincent Bolloré, licenciant des journalistes et des animateurs qui, eux, n’avaient cependant pas appelé à la sédition ou à la haine comme Trump.

Dans le débat, personne n’a relevé qu’en fermant le compte de Trump, Twitter s’est comporté comme un éditeur qui censure un article, une tribune ou une photographie. Jusque là Twitter ou Facebook avaient refusé d’être considérés comme les autres éditeurs et prétendaient ne pas être responsables des contenus, pour éviter les poursuites ou pour ne pas rémunérer les œuvres.

Aujourd’hui, ils sont pris à leur propre piège et sont devenus, à leur corps défendant, de simples éditeurs ; ils devront en accepter toutes les conséquences. Et il n’est plus nécessaire d’imaginer une loi pour réguler les plateformes; il suffira de leur appliquer l’arsenal législatif qui régit les éditeurs.

Tout en veillant qu’elles n’en fassent pas un usage de la censure comme M. Bolloré. Mais ceci est un autre combat. Celui de la liberté d’expression et du pluralisme.