Une interview parue dans L’Humanité d’aujourd’hui a retenu toute mon attention. Lola Ruscio interroge une maitresse de conférence de Paris VIII, Vanessa Codaccioni, autrice d’un livre d’une grande actualité, La Société de vigilance (Textuel, 160 pages, 15,90 €).

On peut y lire que « En France, la surveillance citoyenne se développe avec l’avènement des sociétés de sécurité, où les gouvernements exercent leur pouvoir par la peur. » Brûlante activité, vous dis-je.

Vanessa Codaccioni poursuit en constatant que « La nouveauté, c’est que l’incitation à la dénonciation est devenue banale au sein des pays démocratiques, et ce en temps de paix. L’objectif est moins de récolter des informations que de créer une insécurisation mutuelle et permanente (l’autre devient une menace), de contraindre les citoyens à coopérer avec les autorités et les forces de police, donc de légitimer l’action de ces dernières, la répression et le pouvoir politique. »

La politiste convient que les cibles sont aujourd’hui les Afro-américains aux Etats-Unis et les jeunes Arabes en France, « avec cette spécificité que la lutte antiterroriste détourne le regard citoyen vers les musulmans réels ou supposés. »

Elle fait remarquer également que « les autorités appellent à regarder les jeunes filles qui portent le voile, mais pas les personnes qui se font tatouer une croix gammée, qui se rasent le crâne ou qui parlent sans cesse d’invasion migratoire. A travers ces cibles, on voit très bien la priorisation des menaces par l’Etat. »

Vanessa parle aussi de « culpabilisation et d’infantilisation de la population », ajoutant que « dans ce cadre, les personnes sont censées être obsédées par les questions sécuritaires, ce qui les dépolitise. »

L’autrice décrit précisément ce qui fonde aujourd’hui la politique d’Emmanuel Macron avec ses lois liberticides, sa prétendue obsession du séparatisme et de défense de la laïcité.

La piqure de rappel est fort opportune en ce moment particulier où l’état d’urgence sert à détourner l’attention des citoyens, pendant que s’empilent les lois sécuritaires dignes des pires régimes autoritaires.

Le pouvoir par la peur a toujours été repoussé par le peuple français ; il reste à espérer que cette fois encore, il saura se mobiliser pour s’en détourner par un sursaut républicain.