Eric Woerth espère-t-il rester dans l’histoire en proposant que les propriétaires de résidences secondaires aient un droit de vote double aux élections municipales ? Cette idée est sa dernière trouvaille pour, à la fois, faire parler de lui et affirmer la primauté de la classe des possédants.

Plusieurs fois ministre, député, conseiller régional et maire de Chantilly (un refuge contre la promiscuité des pauvres), l’ami des ultra-riches a, rappelons-le, été mis en examen dans l’affaire du financement libyen de la campagne de Sarkozy.

Eric Woerth, donc, veut rétablir un succédané de suffrage censitaire selon lequel seuls les citoyens payant des impôts sont autorisés à voter.

L’homme le plus riche de France, Bernard Arnault qui possède l’ancien hôtel particulier de Jean-Luc Lagardère à Paris (2000 m2 quand même), un château à Clairefontaine dans les Yvelines et une luxueuse villa dans la copropriété des Parcs, réservée aux milliardaires, à Saint-Tropez, pourra-t-il voter trois fois ? 

Eric Woerth a justifié sa proposition en déclarant :« Renforcer la démocratie, c’est aussi faire évoluer nos modes de participation ». Réflexion d’une stupidité insondable et d’un mépris abyssal pour ceux qui n’ont même pas un appartement où se loger !

Mais où Eric Woerth puise-t-il ses idées ? Peut-être chez Adolphe Thiers qui, en 1870, avait envisagé de réintroduire une forme du suffrage censitaire en annulant le décret de 1848 instaurant le suffrage universel (mais pour les hommes seulement, les femmes devant attendre 1944 pour pouvoir voter). Thiers, l’anti-communard, voulait alors ‘’encadrer le vote du peuple’’. Eric Woerth, émule de Thiers ? La droite ne nous étonne même plus en convoquant les plus réactionnaires figures du pays.

Le peuple, lui, se détourne des urnes en contemplant le triste spectacle des politiciens comme Eric Woerth. Et se retourne vers les jeux du cirque. Hélas.

Ces jeux du cirque ont leur journal, L‘Equipe.

Le quotidien sportif est en transe depuis que Lionel Messi a été acheté par les dirigeants qataris du Paris-Saint-Germain.

Aujourd’hui, le footballeur surdoué a droit à la ‘’une’’ avec un titre ronflant et fondamentalement idiot : « Leo 1er, un roi à Reims ». Il a même droit à un éditorial enflammé de Yohann Hautbois qui ose écrire :

« En fin de journée, dans la lumière dorée d’un stade Auguste-Delaune aussi fébrile qu’impatient de savoir su cela valait vraiment le coup de craquer le Livret A du petit dernier (la réponse est oui), « IL » s’avancera sur la pelouse, porté par nos attentes et nos murmures, enfin sous nos yeux de reporter privilégié. »

Notre journaliste s’est-il seulement rendu compte de la bêtise de sa prose (qui se veut poétique) et de l’insulte faite à ses lecteurs : comment oser écrire que le père a eu raison de ‘’craquer’’ le Livret A du petit dernier pour aller voir jouer Messi ? Sinon en se faisant le complice de ceux qui veulent voir le peuple sombrer dans l’adoration des icônes !

Hautbois rejoint Woerth dans l’ignominie et L’Equipe fait un choix de classe, elle aussi.

L’époque est sombre !