En France, la presse est libre. Elle ne connaît ni la censure, ni les conflits d’intérêts. Elle informe complètement, en toute indépendance et les journalistes sont également libres des choix éditoriaux.

En fait, cet air de liberté qui souffle sur notre presse est vicié.

J’en veux pour preuve le numéro de Paris Match de cette semaine.

En « une » une photo d’Edouard Philippe, décontracté, souriant, aimable donc. Et un titre énorme : ‘’Edouard Philippe, l’inconnu qui nous gouverne. Ses deux campagnes pour Le Havre et Matignon’’.

L’homme est capable de mener deux campagnes de front. Quel homme !

Deux jours avant la sortie de Paris Match, c’est le quotidien régional Paris-Normandie, en redressement judiciaire, qui faisait toute sa « une » avec Edouard Philippe candidat aux élections municipales au Havre et annonçait une interview exclusive.

Et il a fallu que la parole, rare, du candidat Philippe soit donnée au seul quotidien régional. Quelle coïncidence ! A une semaine du deuxième tour des municipales.

Si le candidat Edouard Philippe n’est pas élu le 28 juin prochain maire du Havre, c’est à désespérer de tout. Les photos du premier ministre et les colonnes qui lui ont été offertes ne figureront même pas dans ses dépenses de campagne.

Arnaud Lagardère a toujours présenté Paris Match comme un organe d’influence dont il ne voulait pas se séparer. Mais qu’a-t-il donc à attendre du premier ministre ?

Paris-Normandie est racheté par le groupe belge Rossel ; qu’attend-il du premier ministre ?

Les articles des deux publications sont hagiographiques. Et, pour la circonstance, scandaleux. Le premier ministre est l’un des responsables des ratés dans le traitement de la pandémie du coronavirus. Sa politique est antisociale et, s’il est élu maire du Havre, il restera premier ministre, donc absent du Havre.

Et on nous présente un homme décontracté, souriant, satisfait de lui-même.

Paris Match et Paris-Normandie déshonorent la presse.

Avec des médias détenus par des milliardaires, les connivences s’affichent sans vergogne.

Pour le jour d’après, il faut aussi penser à libérer la presse, les médias et les journalistes.