Quand le plus grand nombre des habitants de la planète vit un enfer, quelques privilégiés ont découvert le paradis.
Quand les pauvres sont contraints à vivre entassés dans des logements insalubres, voire dans la rue, les millionnaires s’entassent dans les micro-paradis fiscaux européens !
C’est ce que nous confirme Alexandre Mirlicourtois, le directeur de la conjoncture et de la prévision du cabinet Xerfi aujourd’hui.
Xerfi nous apprend que la Principauté de Monaco, peuplée d’à peine 40 000 habitants, recense 12 000 millionnaires ; le Grand-Duché de Luxembourg (650 000 habitants) en abrite 15 000. On retrouve aussi ces nantis au Lichtenstein, à Guernesey, à Jersey, sur l’île de Man et dans les Caraïbes.
Evidemment, pour détourner l’attention, on ne parle pas de paradis fiscaux entre soi, mais de ‘’centres financiers off-shore’’. Dans quelques-uns d’entre eux, les millionnaires se jettent avec avidité sur les plus belles demeures. Et les prix de l’immobilier flambent. A Monaco, nous dit Alexandre Mirlicourtois, l’ancien a dépassé les 50 000 euros le mètre carré, soit une hausse de près de 75 % en 10 ans.
Ces paradis ont un prix pour les pays d’origine des millionnaires : « En proposant une imposition personnelle au rabais, voire nulle, une taxation des entreprises plus faible qu’ailleurs, ils continuent de s’enrichir en siphonnant la matière fiscale des autres. » On estime ce qu’on doit bien appeler de la fraude fiscale atteint le chiffre vertigineux de 80 milliards par an.
Les dirigeants européens, y compris Emmanuel Macron, ont tous déclarés vouloir lutter contre l’évasion fiscale. Une directive a été adoptée, mais aussitôt désavouée ; le quotidien économique de Bernard Arnault (épinglé dans les révélations des ‘’Paradise Papers en 2017), Les Echos, s’en félicite : « Il y a trop de transparence financière. C’est ce qu’a jugé la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) dans une décision explosive rendue le 22 novembre. Dans une affaire concernant le Luxembourg, le juge européen a estimé que l’accès du grand public aux informations sur les personnes figurant dans le registre des bénéficiaires effectifs représentait ‘’une ingérence grave dans les droits fondamentaux au respect de la vie privée’’. Le bénéficiaire effectif est celui qui détient plus de 25 % du capital ou des droits de vote d’une société ou qui exerce le contrôle sur les organes de gestion, d’administration ou de direction. Résultat : la Commission européenne va être contrainte de revoir cette disposition de la directive européenne anti-blanchiment de capitaux et financement du terrorisme de 2018. »
Conclusion d’Alexandre Mirlicourtois : « L’opacité financière demeure. Le succès de ces micro-paradis fiscaux aussi. » Le paradis existe ; il est sur terre. Seulement pour les plus fortunés !