La Chouette qui hioque

Auteur/autrice : Michel (Page 2 of 61)

Gardons-nous !

Le génocide des Palestiniens de la bande de Gaza se poursuit, interminable, insupportable. Les assassinats de Bédouins de Cisjordanie aussi.

Les dirigeants politiques du monde entier fermeront-ils encore longtemps les yeux ? Benyamin Netanyahu et les messianistes israéliens sont-ils au-dessus des lois universelles ?

L’abominable se produit sous nos yeux et les présidents, les gouvernements du monde dit libre continuent à détourner les yeux pour éviter d’agir. Malgré les suppliques du secrétaire général de l’ONU que personne n’écoute plus.

Une fillette de 6 ans, Palestinienne, Hind Rajab, a lancé un cri d’alarme avant de mourir dans une voiture criblée de balles israéliennes. L’émotion suscitée aujourd’hui est identique à celle qu’avait provoquée la publication de la photo du petit Aylan Kurdi, retrouvé mort sur une plage turque en 2015 ; il avait 3 ans et avait fui son pays avec sa mère sur une embarcation de fortune. 

Les enfants meurent encore chaque jour dans l’indifférence, car une émotion chasse l’autre. Et c’est non seulement insupportable, mais surtout odieux d’assassiner des enfants ou de les laisser se noyer dans les mers du globe quand leurs parents fuient leur pays en espérant leur offrir un avenir plus serein.

Les religions, toutes les religions, prennent part à la déstabilisation du monde, quand elles n’en sont pas à l’origine.

Alors, arrêtons les bras armés des fous de dieu et gardons en mémoire cette phrase écrite par Bernard Shaw : « Garde-toi de l’homme qui a son Dieu dans le ciel ».

Macron réforme tout 

Soyons rassurés, la sureté nucléaire est bien assurée ; les catastrophes de Tchernobyl, de Fukushima ou de Three Mile Island ne peuvent pas se produire en France, Emmanuel Macron, le grand réformateur, en écarte les dangers et accuse les écologistes et leur idéologie totalitaire de vouloir imposer un mode de vie amish.

Si les autorités des années 1960 avaient mis en place des organismes chargés de la recherche, de l’expertise et de la sureté, il est urgent de réformer : pourquoi entretenir deux organismes, l’IRSN et l’ASN quand un seul suffirait ?

L’Institut de radioprotection et de sureté nucléaire (IRSN), établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC), a développé une double culture d’expertise et recherche ; il accueille 1500 salariés de droit privé, notamment des chercheurs en génie atomique, des physiciens, des radiochimistes hautement qualifiés. Il remplit diverses missions, très diversifiées, allant des études d’accidents comme à Tchernobyl aux services d’imagerie médicale et de radiothérapies. Insupportable quand l’Etat croule sous les dettes !

Les 500 salariés de l’Autorité de sureté nucléaire (ASN) sont, eux, fonctionnaires et sont davantage tournés vers la prise de décisions en matière de sureté nucléaire. Entretenir 500 fonctionnaires pour motiver des décisions à la place du président omniscient ? Insupportable.

Que deux organismes soient indépendants, c’est contraire au fonctionnement de la Macronie. Tant pis si les dialogues entre ces spécialistes de haut niveau ont permis à la France d’être reconnue comme particulièrement efficace en matière de sureté de ses 58 réacteurs nucléaires, exploités par EDF. Tant pis si le modèle français, reconnu internationalement, a permis la prise de décision évitant les incidents et accidents grâce au souci de faire progresser en permanence la sureté.

Les salariés sont en colère : au moment où le parc nucléaire est vieillissant et où le président de la République souhaite en prolonger la durée, mais aussi la construction de six EPR2, il propose la fusion de l’IRSN et de l’ASN. Les salariés s’indignent et dénoncent le projet de loi « relatif à l’organisation de la gouvernance de la sureté nucléaire et de la radioprotection pour répondre au défi de la relance de la filière nucléaire ». Ils croyaient le projet de loi enterré après son rejet par l’Assemblée nationale au printemps 2023 ; mais, Macron, toujours méprisant et obsédé, a décidé de le ressortir. Le texte soumis à nouveau au Parlement, selon l’intersyndicale, fait « disparaître l’obligation légale de publication des avis techniques et scientifiques qui s’impose aujourd’hui à l’IRSN ». Argument balayé.

Pour le délégué CGT de l’IRSN, Philippe Bourachot, la fusion dans une Autorité de sureté nucléaire et de radioprotection (ASNR) « entraînerait une réelle perte de compétences » et risquerait de provoquer une défiance des citoyens à l’encontre de l’énergie nucléaire. Argument rejeté.

Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, relève, elle, les dangers de l’obstination présidentielle : « A-t-il envie que le programme nucléaire français se transforme en nouveau Boeing ? Aux injonctions de productivité, comme cela est le cas à EDF où les délais sont extrêmement difficiles à tenir, les personnels seraient entravés dans leur travail d’expertise, de sûreté et de sécurité ». Argument infondé.

Macron ressortira-t-il à nouveau le 49-3 pour mettre les citoyens en danger ?

Un autre monde

France 2 a rediffusé l’émouvant film d’Emmanuelle Bercot, De son vivant. Benoît Magimel y a trouvé l’un de ses meilleurs rôles et, autour de lui, Catherine Deneuve et Cécile de France ont irradié l’écran. Mais je voudrais surtout m’attarder sur le seul non professionnel du générique, Gabriel Sara, le médecin, . 

Libanais d’origine, cet oncologue exerce à l’hôpital Mount Sinaï Roosevelt de New York. Féru de cinéma, il avait rencontré Emmanuelle Bercot à l’occasion du festival ‘’Rendez-vous with French cinema’’ en 2016. La réalisatrice avait sympathisé et, subjuguée par son charisme était revenue dans la cité américaine pour accompagner le médecin dans son établissement pour vivre son approche un peu particulière de son métier. Gabriel Sara, francophile, est un médecin mélomane, humaniste, qui s’intéresse à l’individu derrière le malade.

C’est ainsi qu’a germé l’idée du film.

Alors, on se prend à rêver : le médecin Gabriel Sara est très éloigné des conditions d’exercice des praticiens hospitaliers en France, devant composer avec la pénurie de médecins, d’infirmiers, d’aides-soignants, de lits, etc. A New York, il ne bénéficie pas d’un privilège, mais d’un environnement normal

On se prend à rêver de la médecine de Gabriel Sara appliquée à la France, sans ignorer que sa situation n’est pas celle de tous les hôpitaux américains.

Ce non acteur joue son rôle de façon remarquable et, le temps du film, nous fait donc rêver à un changement radical dans la politique de santé du gouvernement.

Mais il faut déchanter ; Macron et ses ministres ne rêvent, eux, qu’à casser les services publics et à mener à son terme une révolution réactionnaire.

Le jour même où le film était programmé par France 2, le ministre de l’intérieur nous ramenait à la réalité en annonçant la remise en cause du ‘’droit du sol’’. Seulement à Mayotte ? 

Le droit du sol plonge ses racines dans l’Antiquité et même dans l’Ancien Régime. Il a été repris par la Révolution puis inscrit dans le code civil en 1804 sous Napoléon.

Cruelle désillusion ! Macron et son gouvernement continuent d’aller piocher dans le fonds de commerce de la famille Le Pen pour, disent-ils, réformer la France.

Il y a une distance incommensurable entre la foi, l’éthique et les pratiques du médecin Gabriel Sara et les élucubrations de Gérald Darmanin. Un autre monde.

Une nuit du 4 août

Les riches n’ont pas honte de leur situation et de leurs privilèges. On peut croire qu’ils se cachent, mais c’est pour mieux cultiver l’entre-soi, se complaisent dans une caste fermée et discrète, celle où l’on ne compte pas à partir du 10 de chaque mois.

Les riches et ultra-riches ne laissent pas fréquenter l’école publique à leurs rejetons ; l’offre est suffisamment vaste pour éviter le côtoiement de leurs enfants avec ceux des pauvres. Ces rejetons usent leurs beaux habits de marque sur les bancs du collège Stanislas ou de l’école alsacienne.

Plus tard, la jeunesse dorée se retrouve elle aussi dans des ‘’boîtes’’, mais attention, elles sont ‘’branchées’’ : le prix du ticket d’entrée dissuade même les moins riches. Cette jeunesse dorée cultive les habitudes des parents ; on ne se mélange pas.

Les fils de riches épouseront les filles de riches. Ainsi la caste se perpétue : vivant dans des havres de paix (la villa Montmorency à Paris ou le parc de Montretout à Saint-Cloud), investissant dans des résidences secondaires dans des endroits paradisiaques, tout autour du monde, utilisant leur jet privé pour se déplacer, etc.

Ils ne dédaignent pas les week-ends dans des hôtels d’un luxe tapageur à la campagne, à la neige ou sur la Côte d’Azur, dans d’anciens établissements réhabilités après en avoir chassé les moins riches. On s’y retrouve, on papote, on échange sa carte de visite, on se fait de nouveaux amis, à la seule condition d’avoir un compte en banque aussi garni que celui des habitués.

L’un d’entre eux, Laurent de Gourcuff, en a fait son job. Le fils du comte Eric de Gourcuff et de la styliste Yolaine de Suyrot dirige Paris Society, 76 établissements à Paris, dans les Alpes, sur la Côte d’Azur, à la campagne. Ce descendant d’une famille de la noblesse bretonne prétend ‘’suivre les pérégrinations des Parisiens très aisés’’. Revers de la médaille, il a dû céder sa société au groupe Accor (tout en en restant le dirigeant) à la suite de quelques démêlés avec la justice.

Ce monde-là a ses travers !

Mais il est le symbole d’un monde déconnecté de la vie du peuple. Comme le président de la République, qui ne manque pas une occasion de lui octroyer de nouveaux privilèges fiscaux.

Seule une ‘’nuit du 4 août’’ pourra défaire ce monde, le ramener à la réalité et abolir les nouveaux privilèges des ultra-riches.

Un climat bizarre

Il règne sur la France un climat bizarre. Emmanuel Macron avait promis de faire de la politique autrement, ni de droite, ni de gauche (imbéciles ceux qui y ont cru !) ; mais voilà que ce qu’il est communément admis de nommer ‘’affaires’’ se succèdent à un rythme incroyable. Aujourd’hui, je ressens une nausée comme de nombreux citoyens.

Le Modem est condamné dans les affaires de ses assistants européens ; ses plus hauts dirigeants aussi. Lourdement. Mais le président du tribunal invoque le bénéfice du doute pour relaxer le président du parti, François Bayrou.

Néanmoins, le magistrat admet qu’il fut très probable que ces actes délictueux ont été commis avec l’autorisation de M. Bayrou, mais que « aucun élément ne permet d’affirmer qu’[il] avait connaissance de la non-exécution des contrats d’assistants parlementaires ».

Le relaxé pourrait se retrouver à nouveau ministre !

L’affaire Bayrou est à peine terminée (sauf rebondissement) qu’éclate l’affaire Tony Estanguet, le président du comité d’organisation des Jeux olympiques de Paris. Le Parquet national financier enquête sur les conditions de sa rémunération. L’ex-médaillé aurait créé une société pour facturer des prestations non commerciales à ce comité.

Si les agriculteurs français sont rentrés dans leurs exploitations, la question paysanne n’est pas terminée pour autant. Gabriel Attal a annoncé la suspension du plan Ecophyto. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, n’attendait qu’un signal pour, à son tour, proposer le retrait du projet visant à réduire de moitié l’usage des pesticides dans l’Union.  Les agriculteurs productivistes pourront continuer à empoisonner les terres, les rivières, les nappes phréatiques et même nos organismes en toute quiétude.

La cause environnementale est bradée à l’agriculture financiarisée. J’y reviens, il règne un climat bizarre sur la France.

Réformer, clamaient les nouveaux occupants des rouages du pays, pour que rien ne change. Le ‘’plus jamais’’ que nous avons crié et crié encore, au point que le slogan était devenu un automatisme, n’a plus cours.

Allons-nous tirer des leçons de ces retours en arrière qui font douter des possibilités de vivre autrement dans un monde apaisé, vertueux, sans magouilles quotidiennes, sans mensonges répétés ?

Bolloré et la tête de con

La liberté d’expression et la liberté d’informer ont vécu une triste journée ce vendredi 2 février. Vincent Bolloré a désormais le champ d’action totalement libre à Paris Match et au Journal du dimanche (JDD), deux des journaux dont il a hérité en rachetant le groupe Lagardère.

Ce vendredi donc, la société des journalistes (SDJ) du JDD a voté sa dissolution. Cette SDJ était restée en place pour assister les départs des journalistes qui refusaient les choix éditoriaux de Vincent Bolloré ; au total une cinquantaine de journalistes permanents et une quarantaine, rémunérés à la pige, ont quitté un journal dont la rédaction est dirigée par Geoffroy Lejeune, ex-directeur de la feuille d’extrême droite Valeurs actuelles, élevé par les prêtres traditionnalistes de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X et, par ailleurs, ami de Marion Maréchal et d’Eric Zemmour.

La SDJ de Paris Match, elle, a constaté qu’aucun candidat ne s’était présenté après la démission du bureau ; elle en a tiré la conclusion qu’elle n’existait plus.

Les rédactions des deux journaux sont désormais dominées par des sbires du très chrétien illuminé Bolloré qui doit savourer la situation. Les vrais journalistes sont enfin partis, ne restent sur place que ‘’ses’’ journalistes asservis et sans doute contraints d’exhiber leurs certificats de baptême et de communion.

Le terrain est libre ; Bolloré peut étaler toutes ses idées ultra-réactionnaires, comme il l’a déjà fait à Europe et à i-Télé (devenue CNews). On peut s’attendre à lire des reportages promotionnels pour son émission de téléréalité, Bienvenue au monastère. 

L’eau bénite a dû couler à flot pour célébrer ce succès du catholicisme d’un autre âge en présence de toute la sainte famille Bolloré et de ses confesseurs, le curé traditionnaliste Gabriel Grimaud et l’ex-aumônier Guillaume Seguin. Les deux agités de la calotte ont très certainement confessé et absout le patriarche milliardaire de son péché d’orgueil puisque c’est pour la bonne cause de la Sainte Eglise romaine éternelle (pas celle de ce ‘’progressiste’’ dangereux de pape François !).

Vincent Bolloré avait éjecté les Guignols de l’antenne de Canal+ dès sa prise de pouvoir. On le regrette amèrement ; quel moment savoureux aurait été d’entendre à nouveau la marionnette de l’abbé Pierre ressurgissant pour tonitruer : « Mais qu’est-ce que c’est cette tête de con ? »

Vous n’avez rien fait

Le 1er février 1954, l’abbé Pierre lançait un appel déchirant : « Mes amis, au secours… Une femme vient de mourir gelée, cette nuit, à 3 heures, sur le trottoir du boulevard Sébastopol, serrant sur elle le papier par lequel, avant-hier, on l’avait expulsée… Chaque nuit, ils sont plus de deux mille recroquevillés sous le gel, sans toit, sans pain, plus d’un presque nu. Devant tant d’horreur, les cités d’urgence, ce n’est même plus assez urgent ! »

Soixante-dix ans plus tard, la Fondation Abbé-Pierre, qui a pris le relais, s’émeut et s’alarme après avoir constaté que « la bombe sociale du logement a explosé. »

Victor Hugo avait porté le fer jusqu’à l’Assemblée nationale sur le même sujet d’indignation, dans un de ses discours où il prenait la défense du peuple et des pauvres, le 9 juillet 1849 :

« Je ne suis pas, messieurs, de ceux qui croient qu’on peut supprimer la souffrance en ce monde ; la souffrance est une loi divine ; mais je suis de ceux qui pensent et qui affirment qu’on peut détruire la misère.

Remarquez-le bien, messieurs, je ne dis pas diminuer, amoindrir, limiter, circonscrire, je dis détruire. Les législateurs et les gouvernants doivent y songer sans cesse ; car, en pareille matière, tant que le possible n’est pas fait, le devoir n’est pas rempli.

La misère, messieurs, j’aborde ici le vif de la question, voulez-vous savoir jusqu’où elle est, la misère ? Voulez-vous savoir jusqu’où elle peut aller, jusqu’où elle va, je ne dis pas en Irlande, je ne dis pas au Moyen Âge, je dis en France, je dis à Paris, et au temps où nous vivons ? Voulez-vous des faits ?

Il y a dans Paris, dans ces faubourgs de Paris que le vent de l’émeute soulevait naguère si aisément, il y a des rues, des maisons, des cloaques, où des familles, des familles entières, vivent pêle-mêle, hommes, femmes, jeunes filles, enfants, n’ayant pour lits, n’ayant pour couvertures, j’ai presque dit pour vêtement, que des monceaux infects de chiffons en fermentation, ramassés dans la fange du coin des bornes, espèce de fumier des villes, où des créatures s’enfouissent toutes vivantes pour échapper au froid de l’hiver.

Voilà un fait. En voulez-vous d’autres ? Ces jours-ci, un homme, mon Dieu, un malheureux homme de lettres, car la misère n’épargne pas plus les professions libérales que les professions manuelles, un malheureux homme est mort de faim, mort de faim à la lettre, et l’on a constaté, après sa mort, qu’il n’avait pas mangé depuis six jours.

Voulez-vous quelque chose de plus douloureux encore ? Le mois passé, pendant la recrudescence du choléra, on a trouvé une mère et ses quatre enfants qui cherchaient leur nourriture dans les débris immondes et pestilentiels des charniers de Montfaucon !

Eh bien, messieurs, je dis que ce sont là des choses qui ne doivent pas être ; je dis que la société doit dépenser toute sa force, toute sa sollicitude, toute son intelligence, toute sa volonté, pour que de telles choses ne soient pas ! Je dis que de tels faits, dans un pays civilisé, engagent la conscience de la société tout entière ; que je m’en sens, moi qui parle, complice et solidaire, et que de tels faits ne sont pas seulement des torts envers l’homme, que ce sont des crimes envers Dieu !

Vous n’avez rien fait, j’insiste sur ce point, tant que l’ordre matériel raffermi n’a point pour base l’ordre moral consolidé !

Vous n’avez rien fait tant que le peuple souffre ! Vous n’avez rien fait tant qu’il y a au-dessous de vous une partie du peuple qui désespère ! Vous n’avez rien fait, tant que ceux qui sont dans la force de l’âge et qui travaillent peuvent être sans pain ! tant que ceux qui sont vieux et ont travaillé peuvent être sans asile ! tant que l’usure dévore nos campagnes, tant qu’on meurt de faim dans nos villes, tant qu’il n’y a pas des lois fraternelles, des lois évangéliques qui viennent de toutes parts en aide aux pauvres familles honnêtes, aux bons paysans, aux bons ouvriers, aux gens de cœur ! Vous n’avez rien fait, tant que l’esprit de révolution a pour auxiliaire la souffrance publique ! Vous n’avez rien fait, rien fait, tant que dans cette œuvre de destruction et de ténèbres, qui se continue souterrainement, l’homme méchant a pour collaborateur fatal l’homme malheureux ! »

Cent soixante-quinze ans plus tard, le constat est accablant : « Vous n’avez rien fait ». En près de deux siècles, la situation s’est encore dégradée : des enfants dorment encore dans la rue et dans le froid, quand ils auraient besoin d’un peu de chaleur pour étudier ; des étudiants ont faim quand ils auraient besoin d’un bout de pain pour aller jusqu’à leur diplôme.

Emmanuel Macron avait fait de belles promesses le 27 juillet 2017 à Orléans en prenant un engagement : « La première bataille, c’est de loger tout le monde dignement. Je ne veux plus d’ici la fin de l’année avoir des femmes et des hommes dans les rues, dans les bois ou perdu. C’est une question de dignité, c’est une question d’humanité et d’efficacité là aussi ».

Le jeune président de la République n’a rien fait ; mieux il a menti. Plus encore : son gouvernement n’a toujours pas de ministre du logement et son jeune premier ministre a proposé d’inclure le logement intermédiaire dans le quota obligatoire de logements sociaux, bafouant la loi SRU. La pauvreté est le cancer de notre société.

Non seulement ils n’ont rien fait, reniant leurs promesses, mais aujourd’hui ils magouillent pour masquer leurs impérities.

Honte à eux !

Mépris de classe

Il est des rapprochements (fortuits ?) choquants. Les Echos, quotidien économique propriété de Bernard Arnault, a consacré un article aux plus pauvres (que le journal semble découvrir) et un autre aux ultra-riches (sans oser citer leur patron !).

Les Echos, donc, découvrent la lune, c’est-à-dire un phénomène de double pénalité, amplifié par l’inflation et que la journaliste résume ainsi :

« Etre financièrement sur le fil et donc subir des frais d’incidents bancaires ; habiter dans une zone où la voiture est indispensable et avoir une vieille voiture qui consomme beaucoup et tombe en panne ; ne pas pouvoir acheter de grosses quantités de nourriture en promotion et donc payer le prix fort ; habiter dans une passoire thermique et donc voir ses dépenses d’énergie flamber ; fonctionner avec des cartes téléphoniques prépayées… Etre pauvre, ce n’est pas seulement avoir un revenu très faible, c’est aussi payer un même bien ou service plus cher que le consommateur médian. »

Selon les auteurs de l’étude, la double pénalité à atteint 745 euros en 2023 pour les 10 % ménages les plus pauvres et 640 euros pour les 10 % juste au-dessus.

Pendant le même temps, les ultra-riches ont, selon une étude du réseau d’immobilier de luxe Barnes relayée par le quotidien, le patrimoine personnel moyen des super-riches s’élève à 77,7 milliards de dollars. Ils possèdent en moyenne 3,7 résidences différents pays, avions privés, hélicoptères, yachts, collections d’art, voitures de luxe valant plus de 200 000 dollars, etc.

Bernard Arnault et sa famille ont dû frémir en lisant ‘’leur’’ journal, osant dévoiler leur train de vie.

Les plus pauvres n’osent même pas imaginer le patrimoine des ultra-riches ; leur anxiété du lendemain ne leur permet pas de rêver.

Un ultra-riche peut dépenser 200 000 dollars dans l’achat d’une voiture de luxe et, nous informe Les Echos, le poids de la double pénalité pour les plus pauvres, soit 745 euros, représente « 12 semaines d’approvisionnement alimentaire en moyenne ».

Dans son programme, Gabriel Attal annonce vouloir prendre des mesures visant les plus pauvres ; Les Echos auraient pu au moins lui souffler que d’énormes sommes pourraient être prélevées sur les fortunes des ultra-riches et redistribuées aux plus pauvres.

Mais le mépris de classe est vraiment tenace aujourd’hui. On en veut pour preuve l’attitude des Echos et de Bernard Arnault qui fait fortune dans l’industrie du luxe.

Inquiétudes

Le 12 décembre 2017, Laurent Delahousse déambule dans l’Elysée avec Emmanuel Macron à ses côtés ; on se demande qui est l’hôte et qui est l’invité.

De son entretien qui se voulait novateur, on retiendra ce quelques phrases :

« Vous avez provoqué une révolution, finalement (…) Travaillez-vous pour le rayonnement de la France ou pour les Français ? (…) Vous n’êtes pas seulement président, mais vous incarnez un nouveau leadership sur le capitalisme écologique (…) L’arbre de Noël est dans la cour de l’Elysée. C’est la fin de l’année, que voulez-vous dire aux Français. N’ayez pas peur ! »

Le 28 janvier 2024, Laurent Delahousse est dans le studio de France 2 ; c’est l’heure de ‘’20h30, le dimanche’’. Le journaliste reçoit Sylvain Tesson, parrain désigné du Printemps des poètes et présenté comme un écrivain populaire.

De l’entretien de plus de quinze minutes, on retiendra :

« Alors, Sylvain Tesson, vous qui n’avez pas de téléphone, pas de réseaux sociaux, est-ce que cette polémique est venue jusqu’à vous ? (…) Vous êtes une icône réactionnaire, ce n’est pas une insulte peut-être pour vous ? (…) Vous n’êtes pas un agent idéologique de l’extrême droite, comme on l’a entendu ? (…) Que pensez-vous de ce tribunal de la pensée qui s’installe ? »

Le journalisme des copains à son plus haut niveau.

Avec Delahousse, gonflé de suffisance, la brosse à reluire est à l’honneur chaque fin de semaine, loin des préoccupations des Français et des désordres d’une société à la dérive.

La présidente de France Télévisions préfère les interviews de Laurent Delahousse le dimanche soir à Complément d’enquête du jeudi. Le président de la République aussi.

Il y a lieu de s‘en inquiéter !

Le sport des profs

Qu’un joueur de l’équipe du PSG éternue et toute la France s’enrhume. Que l’équipe de France masculine de handball soit sacrée championne d’Europe et les médias volent au secours du succès à l’image de TF1 (qui n’a retransmis que la finale contre le Danemark). Mais, attention, auparavant les handballeurs n’avaient eu droit aux retransmissions sur une chaîne gratuite que parcimonieusement sur des annexes de la chaîne Bouygues (ou, en payant, sur la chaîne qatarie beINSoports)

Que faudra-t-il pour que le handball soit considéré comme un sport majeur ? Le sport des professeurs d’éducation physique présente le plus beau palmarès des sports collectifs : l’équipe masculine a remporté 3 médailles d’or olympiques, 6 titres de championne du monde et 4 de championne d’Europe ; les féminines, elles, ont remporté 1 médaille d’or olympique, 3 titres de championnes du monde et 1 de championne d’Europe.

Depuis les années 2000 jusqu’à aujourd’hui, le handball français est au plus haut niveau. Avec la manière.

Que les enseignants à l’origine de son essor soient remerciés pour tout le travail effectué dans les cours d’écoles, de collèges et de lycées, bien relayés dans des clubs extraordinaires où l’argent manque trop souvent.

Le handball fait dans la discrétion quand le football se complaît dans les dépenses de milliardaires, les combines, les magouilles pour alimenter des médias avides de buzz.

Dans le quotidien sportif L’Equipe, le handball a droit à la portion congrue. Il n’éternue pas, il rapporte des médailles !

Emmanuel Macron peut bien recevoir les champions, il ne pourra pas effacer le manque de crédits pour le sport, dont le handball peut témoigner : la moitié des champions d’Europe joue à l’étranger, dont 5 dans le même club hongrois de Veszprem.

Voler au secours de la victoire n’a jamais fait politique.

Joueuses et joueurs de handball savourent leurs victoires, loin du fric-roi, loin des caméras, loin du sport-business ; seulement avec l’envie de se surpasser et de gagner même quand tout semble perdu ! C’est ce qu’il reste de l’esprit du ‘’sport des profs’’.

Ce service public qui dérange

Dire que la bataille des idées passe aujourd’hui par les médias, c’est enfoncer une porte ouverte. Les quelques milliardaires propriétaires des principaux organes d’information écrits et audiovisuels ne supportent pas la concurrence du service public de l’audiovisuel. Bouygues et TF1 viennent de déposer une nouvelle plainte auprès de la Commission européenne pour aide d’Etat illégale du gouvernement à France Télévisions ; Vincent Bolloré pour sa part enjoint à ‘’ses’’ hommes liges (notamment Praud et Hanouna) de multiplier les attaques contre France Télévisions et Radio France.

Ces opérations convergentes ne sont pas pour déplaire à Emmanuel Macron, son gouvernement et les droites (dure et extrême). Le libéralisme autoritaire à l’œuvre dans le pays ne peut pas supporter les moindres controverses, les plus infimes mises en cause et les plus énormes révélations. 

Ce n’est plus la voix de la France de Pompidou, mais l’étouffement des journalistes du service public pour ne pas contrarier la voix jupitérienne d’Emmanuel Macron, détenteur de toutes les vérités.

Dans ce contexte délétère, le directeur de l’information de France Télévisions, Alexandre Kara, a intimé l’ordre à l’émission Complément d’enquête « une mise en pause » des portraits d’hommes et de femmes politiques. La présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, a annoncé aux syndicats un plan d’économies sur la masse salariale et les frais de mission ; il devrait se traduire par des hausses du temps de travail, des reprises d’avantages (avec une menace à peine voilée de plan social) et moins de reportages. Bref, un affaiblissement du service public. C’est la suite attendue de l’abandon de la redevance audiovisuelle !

Emmanuel Macron n’aime pas les services publics ; il a déjà montré son animosité à leur encontre à l’éducation nationale, à la SNCF, à l’hôpital, à la Poste, à EDF, etc. Les mauvais coups portés au service public de l’audiovisuel touchent aussi à l’information non contrôlée par ses amis milliardaires et par conséquent à la démocratie, à l’un des droits essentiels reconnus par la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Les contestations des lois sur les retraites, sur l’indemnisation du chômage et sur l’immigration n’ont pas refroidi les ardeurs ‘’réformatrices’’ de Macron. Il semble, au contraire, qu’en se rapprochant chaque jour davantage des thèses de l’extrême droite, il veuille accélérer le rythme de la casse des services publics pour laisser un paysage désolé en 2027, tout entier livré aux grands groupes financiarisés et à Marine Le Pen.

Il y a urgence

C’est inouï ce que la bêtise peut amener à dire. Gérald Darmanin, ministre (confirmé) de l’intérieur s’est félicité que le Conseil constitutionnel valide l’intégralité du texte de loi immigration. Il estime que la censure (totale ou partielle) par le Conseil constitutionnel de 35 articles sur 86 (considérés comme des cavaliers législatifs) ne touche pas au projet dont il était l’initiateur.

A l’époque, il ne semble pas l’avoir entendu dénoncer le texte amendé par le Sénat et ses anciens amis.

Qu’on ne s’y trompe pas, aujourd’hui, il se félicite que « jamais un texte n’a prévu autant de moyens pour expulser les délinquants et autant d’exigence pour l’intégration des étrangers ». Rien à ajouter, sinon que le gouvernement vient de prendre quand même une claque monumentale, quoi qu’il dise.

La loi validée par le Conseil constitutionnel (ce qu’il en reste) est largement inspirée par les positions historiques de la droite extrême (de Marine Le Pen à Ciotti). Gérald Darmanin s’est ainsi rapproché de sa famille d’origine, marquée par le rejet de l’immigré, qualifié nécessairement de délinquant.

Quant à Emmanuel Macron, qui a laissé agir son ministre, il préfère parler du bouclier qui nous manquait et d’un réarmement démographique qui a heurté, à raison, de nombreuses femmes dénonçant l’instrumentalisation des corps, pour que la France reste la France.

Le pétainisme (teinté de racisme) revient au galop, pour le plus grand bonheur du Rassemblement national. Et Macron est devenu le grand ordonnateur de ces manœuvres militaires d’un autre siècle.

Pour que la France reste la vraie France, celle de 1789, de la devise, Liberté, Egalité, Fraternité, celle du Conseil national de la Résistance, il faut chasser Macron et Darmanin, et en finir avec la famille Le Pen. Pour rétablir une vraie démocratie, c’est-à-dire avec le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple.

Noble tâche ; tâche urgente et nécessaire.

Macron a rétréci la République

Une tribune publiée dans le Monde et signée de la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, de la présidente du Syndicat des avocats de France, Judith Krivine, et de la présidente du Syndicat de la magistrature, Kim Reuflet, est un événement.

Au passage, on notera que les trois syndicats ont élu trois femmes à leur tête !

Quand cette tribune aborde la question de la réforme du travail, il est notoire que le sujet intéresse tous les citoyens ; à ce titre, elle mériterait d’être reprise et commentée par les prétendus grands médias. Or, il n’en fut rien.

La tribune est passée inaperçue dans les médias audiovisuels, y compris ceux du service public.

Le constat n’est pas surprenant : les médias entre les mains de quelques milliardaires se sont depuis longtemps alignés sur la philosophie d’Emmanuel Macron qui méprise les corps intermédiaires comme les syndicats et tente de les marginaliser. Quant à ceux du service public de radio et de télévision, ils sont dirigés par des proches d’un président de la République, qui peut se permettre d’inviter les journalistes de l’émission C à vous à l’Elysée pour lui permettre de s’exprimer sans contradiction.

Pour éviter la contradiction, Emmanuel Macron peut également compter sur quelques éditorialistes qui se gardent de relancer les questions que des collègues à qui on évite de donner la parole ne peuvent poser. Ce fut flagrant le 16 janvier dernier, puisque certains journalistes ont quitté la conférence de presse, exaspérés d’attendre en vain qu’on leur tende le micro. Alexis Lévrier, enseignant-chercheur, peut dès lors dénoncer « cette incapacité de la presse française à se penser elle-même comme un contre-pouvoir face au chef de l’Etat » et « ces éditorialistes qui vivent dans l’entre-soi avec le pouvoir (…) héritage de notre culture de Cour qui persiste ».

Sophie Binet, Judith Krivine et Kim Reuflet, parce qu’elles ne sont pas des courtisanes, ont été invisibilisées, la simplification du droit du travail aussi, pour le plus grand soulagement d’un patronat dont les intérêts sont confortés.

Avec une presse inféodée et une justice fragilisée, la République est entre les mains d’un pouvoir autoritaire et illibéral.

Quand Josep Borrell parle vrai

Josep Borrell, vice-président de la Commission européenne et Haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, a prononcé une conférence à l’université de Valladolid au cours de laquelle il a affirmé qu’Israël a créé et financé le Hamas en vue d’affaiblir l’Autorité palestinienne du Fatah.

L’information n’est pas nouvelle, mais elle ne reflète ni la position officielle des gouvernements européens, ni celle de l’Union européenne. Encore moins celle de Benyamin Netanyahu. Seule la gauche (la vraie) lui apporte du crédit.

Depuis vendredi, les médias français sont muets (ou presque) et s’abstiennent de relayer les paroles d’un diplomate chevronné, qui a pesé ses mots avant de prononcer un discours aussi engagé.

Josep Borrell, se voyant décerner un doctorat honoris causa, ne s’est pas exprimé sans savoir que le choix de ses mots serait remarqué et dénoncé. 

Josep Borrell s’est également prononcé clairement pour une solution à deux Etats, aussitôt contestée par le scandaleux Netanyahu.

Si les médias et les politiques français restent muets, témoignant d’une certaine gêne, en Belgique, la RTBF a interrogé un professeur de relations internationale de l’université catholique de Louvain (UCL), Michel Liégeois, pour commenter les propos de l’Espagnol.

L’enseignant n’a pas démenti Josep Borrell, mais il a tenté de minimiser le rôle d’Israël en faisant remonter la création du Hamas à 1987 par les Frères musulmans ; pour lui, après la guerre des Six Jours, vingt ans plus tôt, le gouvernement israélien avait conclu un pacte avec le mouvement islamiste pour administrer la bande de Gaza en finançant des projets. Michel Liégeois n’exclut pas que les services secrets israéliens ont pu tenter d’affaiblir le Fatah en aidant, de façon ponctuelle, son meilleur ennemi intérieur, le Hamas, pour aussitôt confesser que toutes les puissances se fourvoient dans ce genre d’opération de déstabilisation. Mais cela vaut-il justification absolue.

A examiner le discours de Josep Borrell puis l’intervention de Michel Liégeois, on se demande qui est le diplomate et qui est l’observateur. Qui dit la vérité et qui parle la langue de bois.

Josep Borrell a jeté opportunément un pavé dans le marigot bruxellois, qui va sans doute ébranler Ursula von der Leyen et ceux qui détournent les yeux pour ne pas voir le génocide à Gaza et appuient sans réserve (ou presque) la politique annexionniste et messianique de Netanyahu.

Quoi qu’on pense de la prise de position de Josep Borrell, le débat est lancé ; il ne faut surtout pas le refermer, alors qu’on dénombre des milliers de morts.

La poésie de l’extrême droite

Le Printemps des Poètes se déroulera du 9 au 25 mars prochains, mais déjà il suscite des remous. En cause, la désignation de Sylvain Tesson comme parrain de l’édition 2024.

Une pétition lancée par des poétesses, poètes, éditrices, éditeurs, libraires, bibliothécaires, enseignantes et enseignants, actrices et acteurs de la scène culturelle française s’offusquent de cette nomination ; l’initiative connaît un succès incroyable. Les rédacteurs de la tribune refusent « qu’un événement culturel auquel nous sommes de fait inextricablement lié.es de façon symbolique, créé ‘’afin de contrer les idées reçues et de rendre manifeste l’extrême vitalité de la poésie’’, soit incarné par un écrivain érigé en icône réactionnaire ». Et de ranger Sylvain Tesson dans « un triste panel ‘’d’écrivains en vogue’’ » aux côtés de Michel Houellebecq et Yann Moix ; le parrain « fait figure de proue de cette ‘’extrême droite littéraire’’ » rejetée par les pétitionnaires.

La manœuvre est grossière et les auteurs dénoncent les « prises de position politiques personnelles de la direction » du Printemps des poètes, « surtout quand celles-ci sont anti-démocratiques ».

Sylvain Tesson réactionnaire ? Il assume de fréquenter Alain de Benoist et la mouvance de la Nouvelle Droite. Il a par ailleurs reçu le soutien immédiat de Pascal Praud sur CNews. De quoi faire frémir Jack Lang à l’initiative de l’événement en 1999.

Si le ministère de la culture n’est pas l’organisateur du Printemps des Poètes, il contribue à son financement. Alors, on attend avec impatience la réaction de Rachida Dati ! Osera-t-elle refuser une nouvelle et basse manœuvre de banalisation de l’extrême droite ? 

Dieu et l’esprit Stan

Qu’est-ce que Dieu peut bien penser du collège Stanislas ? Qu’est-ce que le pape François peut bien penser de ceux qui dirigent le plus prestigieux établissement catholique d’enseignement (ou plutôt d’enseignement catholique) de France ? 

A la lecture de l’enquête administrative menée par l’inspection générale de l’éducation, Dieu et le souverain pontife se poseront-ils même ces questions hérétiques. Après tout, aucun parent n’a été contraint de faire le choix de ‘’Stan’’ pour scolariser ses dignes rejetons, sinon d’avoir l’assurance qu’ils ne fréquenteront pas la racaille des banlieues.

Il y a, paraît-il des athées et des agnostiques à Stan et ils s’y sentiraient à l’aise. Malgré quelques cas isolés d’élèves qui n’auraient pas ‘’l’esprit Stan’’ et auraient été priés de dégager de l’établissement. Voire !

Qu’est-ce que Dieu peut bien penser de la non-mixité de certaines activités et de quelques cours ? Qu’est-ce que Dieu peut bien penser de l’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle qui n’aborde jamais la contraception, ni le port du préservatif, et demande aux filles de ne pas provoquer les garçons par leur tenue ? 

Qu’est-ce que François peut bien penser d’un directeur qui « réaffirme avec force notre attachement indéfectible à tout l’enseignement de l’Eglise catholique, même sur les questions qui peuvent susciter l’incompréhension d’une partie de nos contemporains », lui qui vient d’accepter la bénédiction des couples homosexuels ?

La nouvelle ministre de l’éducation nationale, très instruite et très informée, pouvait-elle ignorer cette réflexion d’un ‘’préfet’’ de Stan : « Les jeunes filles qui sont ici viennent de famille où les problèmes de sexualité semblent ne pas être envisagés (…) Tous les côtés que je considère extrêmes à Stan viennent du fait que certaines familles demandent ça. Sociologiquement, on a beaucoup de familles catholiques un peu réactionnaires. » Quel aveu !

Mem Oudéa-Castera a-t-elle fait le choix de Stan pour ses trois fils en connaissance de cause ou pas ? Est-ce un choix de classe pour un couple qui n’a pas de problème de fin de mois. Admet-il que ses enfants côtoient des enfants de familles réactionnaires ou, pour le moins, ferventes catholiques intégristes ?

Le rapport d’inspection de Stan est instructif de la volonté des classes dirigeantes de cultiver l’entre-soi et de privilégier le privé en dénigrant la laïque.

Il n’est pas assuré que Dieu leur donnera l’absolution. Il serait temps que l’Eglise catholique sorte du Moyen Âge et que Amélie Oudéa-Castera quitte le gouvernement.

Rendez-vous manqué

On s’en doutait ; mieux, on en était sûr : la nomination de Rachida Dati au ministère de la culture est une basse opération politicienne. Une magouille qu’Emmanuel Macron en chevalier blanc avait promis de stopper.

Patatras, la preuve nous en a été apportée ce matin. A l’antenne de RTL, la traîtresse a avoué.

Le ministère n’est qu’un tremplin vers la mairie de Paris : « Je suis une élue parisienne, je ne m’en cache pas, mon objectif, comme ma volonté, c’est Paris ! Bien sûr, je serai candidate. Je l’ai toujours dit. » Dont acte. Rachida Dati sera une ministre à mi-temps. Et encore…

Pendant que la copine de Nicolas Sarkozy s’épanchait sur RTL s’ouvraient à Nantes les Biennales internationales du spectacle (BIS). Rima Abdul-Malak avait annoncé sa présence ; Macron l’en a privé. Celle qui lui succède n’a pas pris la peine de se rendre à cette manifestation, au prétexte que « sa présence était requise auprès du président de la République ». 

L’absence a été d’autant plus remarquée qu’aucun ministre de la culture n’avait raté le rendez-vous auparavant. Johanna Roland, maire de Nantes, n’a pas manqué l’occasion, elle, de fustiger fermement Rachida Dati sous les applaudissements nourris des présents : « À l’évidence, entre servir l’État et se servir de l’État, pour certains il n’y a qu’un pas. » 

Le pauvre directeur général de la création artistique au ministère, Christopher Miles, a dû lire un message hypocrite de la ministre osant affirmer : « L’avenir du spectacle vivant est au cœur des préoccupations de mon ministère et il sera donc au cœur de ma feuille de route ». Il y a fort à parier que ce message n’a pas convaincu.

Les militants de la Fédération CGT du spectacle, après avoir scandé « On est là, même si Dati n’est pas là, nous on est là », ont dénoncé les positions libérales de la ministre en déclarant, lutter, eux, pour une « politique culturelle forte et ambitieuse ». Il est dommage que Rachida Dati n’ait pas entendu les cris des professionnels de la culture.

Il est des rendez-vous qui ne se manquent pas. Surtout en début de mandat !

Spectacle permanent

Si, comme je le répète régulièrement (au point d’avoir l’impression de ressasser le même refrain), nous sommes dans un régime du mensonge, avec Emmanuel Macron, nous sommes aussi dans un spectacle permanent.

L’annonce de la composition du gouvernement est exemplaire de tous défauts du système. D’abord, en nommant Gabriel Attal au poste tout honorifique de premier ministre et en le présentant comme le plus jeune titulaire du maroquin, il a occupé les médias pendant trois jours. Puis en allant débaucher Rachida Dati, et lui offrant le ministère prestigieux de la culture, il a déchaîné les passions. Il a fait passer au second plan la nomination de Catherine Vautrin, de la Manif pour tous, à un poste regroupant la santé et le travail.

La droite éructe et présente Rachida Dati comme une traîtresse ; il n’en faut pas plus pour agiter les éditorialistes condescendants, avides de pauvres commentaires hors de propos.

Le cirque Macron continue et se déplace à Davos, où le président omniprésent a délocalisé le fameux ‘’Choose France’’. La galerie des glaces du château de Versailles était prestigieuse, mais elle commençait à être devenue routinière. Alors retour à Davos, avec un nouveau slogan, ‘’Make it iconic, Choose France’’, où Macron, en l’espace d’une seule journée, se fait fort de vanter l’attrait du pays auprès du gratin du patronat mondial (notamment Sam Altman, le patron vedette de OpenAI).

Le président vertical sera bien accompagné ; Valérie Pécresse, Patrick Pouyanné de Total, Catherine McGregor d’Engie, Yann Le Cun, patron français du laboratoire d’intelligence artificielle de Meta (ex-Facebook), etc. sont du déplacement.

Les éditorialistes aux ordres sont déjà en admiration devant ce jeune président qui côtoie les grands personnages du monde des affaires. Cela occupera bien une ou deux journées et suscitera quantité d’éloges.

On passera sous silence les problèmes sociaux que traverse le peuple de France, non invité à Davos ; on oubliera la situation désastreuse des hôpitaux, des écoles et de notre économie ; on n’aura pas un mot pour ces milliers de citoyens qui vivent dans la rue, quel que soit leur âge. Mais si Macron vantera l’attractivité de la France et consacrera une partie de son discours à l’intelligence artificielle, ce sera pour demander aux investisseurs étrangers de voler à son secours pour réindustrialiser un pays exsangue où les faillites se multiplient.

J’emprunterai la conclusion de ce billet à deux chercheurs, Didier Fassin et Anne-Claire Defossez, qui écrivaient en cette fin de semaine dans un entretien accordé à L’Humanité : « On ne cherche pas à résoudre des problèmes, mais à produire du spectacle. Il y a une déconnexion totale entre les faits sur le terrain et les discours des responsables politiques. »

Si le spectacle est permanent, le peuple n’applaudit plus. Le cirque Macron ne fait plus rire, ni sourire.

N’importe quoi

Ma première réaction après l’annonce de la composition du nouveau gouvernement aura été de m’esclaffer : « N’importe quoi ».

La locution nominale est certes un peu triviale et même un peu courte pour rassembler tous les sentiments qui m’ont traversé l’esprit ; mais, je n’ai rien trouvé de mieux à dire. Car tout a été dit, mieux que je ne saurais le faire sur ce virage à droite de Macron, sur un gouvernement Sarkozy IV, sur de la communication de mauvaise qualité et sur une pantalonnade qui en dit long sur l’agonie de la Macronie.

Je voudrais cependant m’arrêter néanmoins sur quelques réflexions que la composition de ce gouvernement m’inspire.

En premier lieu, il est sexiste ; les grands ministères régaliens (économie, intérieur, justice et affaires étrangères) sont attribués aux hommes.

Ensuite, les nominations de trois femmes dans des ministères élargis (santé et travail, éducation nationale et sport, culture) sont déjà entachées.

Catherine Vautrin est une ex-ministre de Chirac qui s’est signalée en participant à la Manif pour tous de sinistre mémoire. Sa présence ne va rassurer ni les femmes, ni les homosexuels.

Amélie Oudéa-Castera est très liée à la finance et aux grands groupes industriels. Mais, plus encore, ses trois fils sont scolarisés au trop célèbre Collège Stanislas, établissement privé catholique intégriste, visé par une enquête pour des problèmes à caractère sexuel et homophobe (le rapport n’a jamais été dévoilé). Le président scolarisé chez les Jésuites ne trouve là rien d’anormal. Les défenseurs de l’école publique en revanche peuvent se préparer à se mobiliser ; Gabriel Attal (élève de l’école alsacienne) et Amélie Oudéa-Castera vont bientôt sortir leurs lois !

Enfin, Rachida Dati, qui n’a jamais cessé de fustiger les traîtres du parti En Marche ou de prétendre que l’alliance avec lui, c’est le baiser de la mort, a passé un accord avec Emmanuel Macron directement. Sans aucune gêne. Qu’elle soit mise en examen pour corruption passive, trafic d’influence passif et recel d’abus de pouvoir pour des prestations de conseil à Carlos Ghosn ne pose aucun problème à un président d’une République qui se voulait exemplaire.

Alors, oui, n’importe quoi.

Et, hélas, ces magouilles de basse politique politicienne ne servent qu’un parti, le Rassemblement national. Il compte les voix qu’elles lui rapportent.

J’enrage et je maudis une gauche introuvable.

Le FMI contre les Argentins

Le nouveau président argentin, Javier Milei, est un admirateur de Donald Trump. Le peuple argentin s’est hélas jeté dans ses bras, en l’envoyant occuper la Casa Rosada, à Buenos Aires.

Fallait-il être désespéré pour croire que ce fou furieux (qui a fait campagne avec une tronçonneuse !) allait mettre fin à une gestion ultralibérale, dont on mesure aujourd’hui les méfaits : l’inflation a atteint 160 % et la pauvreté touche 40 % de la population en 2023.

Aussitôt élu, Javier Milei a signé un ‘’méga-décret’’ (sans passer par le Parlement) de 664 articles par lequel il abroge 300 normes, réduisant le droit du travail, encadrant prix et loyers, privatisant à tour de bras (41 entreprises sont visées). L’opposition a engagé une dizaine de recours sur son anti-constitutionnalité.

Le peuple argentin est sorti de son état d’hypnose et se mobilise.  A l’inverse, le Fonds monétaire international (FMI), gardien du temple du libéralisme et du Marché, applaudit à tout rompre un plan qu’il qualifie d’ambitieux. Pour récompenser Milei, il lui octroie une première aide de 4,7 milliards de dollars pour, prétend-il, soutenir les efforts considérables déployés par les nouvelles autorités. Il s’agit de sauver le libéralisme en faillite plutôt que les millions d’Argentins affamés et au chômage.

Le FMI se pose en premier allié de Milei et des politiques d’austérité, comme auparavant en Grèce et ailleurs. Il ne viendrait pas à l’idée des responsables de cette institution internationale de soutenir des mesures sociales.

Il serait temps de réformer l’ordre économique international et, notamment, les institutions comme le FMI, mais aussi la Banque mondiale et l’ONU. Les pays non-alignés, les BRICS (acronyme pour Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud, sont porteurs de cette réforme en direction des économies émergentes.

Le monde s’en porterait mieux. Les Argentins aussi.

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