Robert Guédiguian est un cinéaste majeur du cinéma français.
Son dernier film, La pie voleuse, est une fable ancrée dans le quotidien et dans la lutte des classes, traitée avec un brin de subversion, d’où se dégage la générosité ordinaire des gens de peu.
Cette générosité est portée par deux acteurs extraordinaires, Ariane Ascaride, la voleuse, et Jean-Pierre Darroussin, le vieux au cœur d’or.
Dans ce film, tout est parfait ; non seulement les acteurs, mais aussi les dialogues, réduits au strict minimum pour laisser la caméra observer les regards et lire les sentiments pour en dire plus que de longues discussions.
Il y a dans La Pie voleuse des séquences admirables comme celle où Jean-Pierre Darroussin récite le poème de Victor Hugo, Les pauvres gens, pour justifier le retrait d’une plainte accusant son aide à domicile. C’est un moment rare et qui emporte tout ; on aurait presque aimé l’entendre en entier, tellement l’interprétation de Darroussin est enthousiasmante.
Mais, c’est l’interprétation d’Arian Ascaride qui illumine tout le film ; elle tient là, sans doute, l’un de ses plus beaux rôles, sinon le plus merveilleux.
Avec Guédiguian, on atteint la perfection du propos, avec les petites choses de la vie ordinaire. On est transporté, mais le film, comme toute fable, interpelle. A la façon de Jean Ferrat, Robert Guédiguian ne filme pas ‘’pour passer le temps’’ ou pour faire du fric. C’est toute la grandeur du cinéma français, aux antipodes du cinéma-business, des grandes productions aux effets spéciaux qui s’enchaînent pour nous en mettre plein la vue et les oreilles.
C’est ce cinéma-là qu’on aime et qui est de plus en plus menacé par les restrictions budgétaires et, surtout, par les plateformes comme Netflix et les milliardaires comme Bolloré.
C’est ce cinéma-là qu’il faut continuer à aller voir en salle et non sur son téléviseur ou son téléphone. C’est de culture qu’il s’agit et du combat de tous contre le fric-roi.
Merci Robert Guédiguian de nous le rappeler et de nous ravir en nous interpellant.