Et dire que j’ai lu avec avidité La ville et les chiens ou La Maison verte, et quelques autres œuvres de Mario Vargas Llosa !
Ses critiques de la société péruvienne et des politiques de répression étaient flamboyantes, intelligentes, enthousiasmantes. Bref, l’écrivain au talent fou avait ma sympathie. A un degré moindre que Gabriel Garcia Marquez, Jorge Amado ou José Saramago, certes, mais il figurait quand même dans mon panthéon des écrivains.
Son soutien à l’extrême droite péruvienne en octobre dernier n’avait plus rien de stupéfiant, tant le prix Nobel de littérature 2010 avait renié les idées progressistes de sa jeunesse. Mais, aujourd’hui, le tout nouvel académicien français franchit une nouvelle ligne rouge en apportant son soutien à José Antonio Kast, nostalgique de la dictature de Pinochet à l’élection présidentielle chilienne.
Vargas Llosa estime que l’élection de Kast permettrait au Chili « de reprendre la tête et de montrer ce qu’est le centre droit, la liberté, le soutien aux entrepreneurs, l’ouverture aux investissements étrangers ».
A preuve du contraire, Mario Vargas Llosa n’est pas chilien ; de quel droit se permet-il d’intervenir dans les affaires intérieures de ce pays et de prôner le retour aux investissements étrangers, ce qui signifie ouvrir en grand l’exploitation des ressources aux conglomérats des Etats-Unis ?
Vargas Llosa, 85 ans, est devenu un vieillard cacochyme, qui renie tout son passé de jeunesse, partisan de la libération du sous-continent sud-américain du joug étatsunien. A-t-il à ce point perdu la mémoire pour ne pas se rappeler que la dictature sanglante de Pinochet a été installée par la CIA et qu’elle a assassiné des milliers de chiliens et contraint des milliers d’autres à l’exil ?
Et dire que cet auteur siège aujourd’hui à l’Académie française ! Ceux qui lui ont apporté leurs voix partagent-ils ses orientations politiques et ont-ils voté en pleine connaissance de cause ? Je n’ose pas y croire.